La mode des grands hypermarchés est dépassée ! De moins en moins de personnes ont envie de se retrouver dans des lieux déshumanisés, dans lesquels on se perd, qui ne correspondent plus aux attentes des nouveaux consommateurs...
Et si c’était la même chose pour l’habitat des personnes âgées ?
Les EHPAD ont-ils un avenir ? Non, si l’on en croit l’opinion de 80% des personnes qui ne souhaiteraient pas y vivre lorsqu’ils seront vieux. Ainsi les grandes structures abritant un grand nombre de personnes en situation de dépendance ne pourraient-elles pas faire place à des structures à taille humaine ? Actuellement la majorité des EHPAD comprend de 60 à 99 places ; ceux de moins de 40 ou plus de 200 places ayant tendance à diminuer.
Le logement individuel, est bien sûr plébiscité mais il ne permet pas de lutter contre l’isolement des personnes, premier facteur de risques pour les personnes âgées.
Les services d’aide au maintien à domicile sont de plus loin d’être satisfaisants et ne couvrent pas tous les besoins des personnes vivant à leur domicile.
Les aides ménagères s’occupent des problèmes ménagers, les infirmières des aspects médicaux mais comment faire pour résoudre les problèmes administratifs, les relations avec le bailleur, EDF..., les petits travaux à réaliser, l’absence de relations sociales et affectives. Même lorsque des proches sont présents, il arrive toujours un moment où la fatigue, l’impossibilité de répondre à tous les besoins ne permet plus de laisser la personne seule chez elle. Et généralement, avec ou sans l’accord de la personne concernée, l’EHPAD devient la solution pour finir sa vie !
Non, que ce soit l’habitat individuel ou collectif , trop souvent ils ne permettent pas de garantir des bonnes conditions de vie aux personnes âgées en perte d’autonomie.
Mais, de nouvelles solutions émergent ! Appelons ça des maisons d’hôtes pour personnes âgées, avec différentes variations possibles.
Le point commun de toutes ces structures, c’est la taille : 5 à 7 personnes âgées qui vivent ensemble.
La mutualisation des moyens et des droits sociaux des personnes permettent de conserver un environnement privé, de ne pas être isolé pour un coût bien inférieur aux structures d’accueil classique.
Il y a bien d’autres avantages à ce type de structure : ne plus être soumis aux normes en vigueur dans les collectivités qui empêchent les résidents de participer aux travaux de la maison, la possibilité d’avoir dans certains lieux un règlement intérieur qui permette aux résidents d’avoir leur animaux de compagnie, et enfin de pouvoir répartir ces lieux de vie dans la ville, en proximité des lieux de vie habituel des résidents.
Ces maisons d’hôte pourraient aussi être basées sur un concept de regroupement affinitaire : un groupe de personnes qui se cooptent pour vivre et vieillir ensemble dans un projet solidaire et respectueux de leur identité, de leur culture, de leur orientation sexuelle...
Les variations d’organisation de ces maisons d’hôtes sont multiples.
Une grande maisons avec des chambres individuelles et un appartement dédié à l’hôte du lieu qui assure une présence continue , de grands appartements en centre ville partagés en cohabitation par plusieurs seniors, des petits immeubles construits par des propriétaires qui souhaitent investir dans un lieu leur appartenant mais prévu pour un projet solidaire...
Même pour les personnes en situation de grande dépendance, la maison de Thil, créée par les Petits Frères des Pauvres démontre la faisabilité d’un habitat de ce type tout en garantissant la qualité de vie des personnes âgées en situation de grande dépendance.
Alors... pourquoi ces expériences restent-elles encore confidentielles alors qu’elles semblent apporter toutes les réponses satisfaisantes pour conserver une bonne qualité de vie à un coût acceptable ?
Comme à l’époque de la création des grands hypers, on nous a fait croire que la vente en masse de produits allait pouvoir faire baisser les prix... C’est le contrôleur de gestion qui le dit ! Et bien, pour les structures d’accueil des personnes âgées c’est a peu près les mêmes raisons : plus ce sera grand, plus il y aura de places et plus on pourra faire des économies en terme de personnel et en terme d’achats de tous les produits.
On connait le résultat : pression en terme de rentabilité sur les salariés avec le minutage de tous les actes réalisés par personne, constructions de grands établissements en dehors des centre villes, des prix qui s’envolent et qui ne sont plus la garantie d’un service de qualité.
Il est temps que les pouvoirs publics favorisent l’ouverture de ces maisons d’hôte ou d’appartements en cohabitation et arrêtent la construction de grandes structures d’accueil qui ne permettent pas une réelle prise en compte de l’identité et des choix de ceux qui y vivent.
L’état devrait aussi mettre en place des plateformes pluri-disciplinaires de services aux personnes âgées pour intervenir selon les demandes dans ces différentes maisons d’hôtes ou aux domiciles des personnes âgées. Plateformes qui permettraient de coordonner tous les services : médicaux, aides au domicile, restauration, administratifs, transition d’habitat, relations avec les associations et les familles... L’appel à ces plateformes permettrait ainsi de décider d’une éventuelle hospitalisation, d’envoyer un artisan pour une réparation ou de débloquer une situation avec un fournisseur (bailleur, EDF,...).
Ainsi les missions de l’état se concentreraient sur la création et la gestion de ces plateformes qui fourniraient les services aux maisons d’hôtes géographiquement proches. La gestion des ces maisons pouvant être faite soit par des associations ou des entrepreneurs individuels habilités.
Vous n’êtes pas convaincus ? Alors allez interroger les personnes et les proches de ceux et celles qui vivent dans ce nouveau type d’habitat ! En voyant comment on vit dans ces maisons d’hôtes vous changerez certainement d’avis sur les choix que vous devrez faire pour votre propre vieillesse.
Mme Buzyn, aidez-nous à déployer ce type d’habitat et créez des plateformes de coordination des services aux personnes âgées, c’est urgent !