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Libération
Interview

Histoire populaire de Paris. Gérard Noiriel : «L’identité des classes populaires est déterminée par les classes dominantes»

Gérard Noiriel (directeur d’études à l’EHESS)
publié le 21 février 2019 à 18h06

«Pour moi, le "populaire" est une relation sociale. On ne peut pas comprendre complètement les comportements, les représentations qui existent dans les classes populaires si on ne voit pas qu’elles sont toujours en interdépendance avec les élites. Même la définition, ou l’identité des classes populaires, est déterminée fondamentalement par les classes dominantes, qui construisent des discours, des représentations que s’approprient ensuite les classes populaires et qui les transforment. Les élites elles-mêmes sont amenées à changer leur regard. C’est cette "dialectique" que j’ai privilégiée. J’insiste sur ce mot, ça nous ramène à Marx. C’est une sorte de mise à jour, s’appuyant aussi sur les travaux de Pierre Bourdieu ou de Norbert Elias, d’une lecture marxiste de l’histoire, fondée sur la lutte des classes. Je suis parti d’une vision assez large des classes populaires, qui correspond aujourd’hui, grosso modo aux ouvriers et aux employés. Evidemment, le niveau économique détermine aussi toute une série d’autres facteurs : l’accès à la culture, aux soins…»

Gérard Noiriel est l'auteur d'Une histoire populaire de la France, de la guerre de Cent Ans à nos jours (Agone, 2018).