Si le nom de Benin évoque pour de nombreux francophones la république du même nom, le Benin n'est en fait que le nouveau nom pris par la république du Dahomey en 1975. Ce nom ne vient pas de nulle part : il avait déjà été donné au golfe du Bénin qui lui aussi le tirait d'ailleurs. L'origine du nom provient d'un royaume situé au sud du Nigeria actuel. Ce royaume du Bénin a été l'un des États les plus importants d'Afrique de l'ouest du XIIIe siècle jusqu'à son invasion par les Britanniques en 1897.
Des origines de ce royaume, nous ne savons que très peu de choses. Dans une période semi-mythique qui va du Xe au XIIe siècle, une cité-État du nom d'Edo (aujourd'hui Benin-City) se forme dans la région. Les sources orales parlent de figures royales des dieux du ciel (Ogiso) qui arrivent à relier différentes familles élargies en un mini-État. Jusque-là rien de bien surprenant, tant ce phénomène s'est reproduit dans de nombreuses régions avoisinantes.
Entre le XIIIe et le XVIe siècle, le royaume du Benin se transforme peu à peu en empire au fil des conquêtes. Est administré directement tout ce qui se trouve à moins de 150 kilomètres d'Edo. Les sociétés alentours seront gouvernées par leurs propres dirigeants et verseront un tribut aux obas. Le commerce est alors florissant. Dans les rues de sa capitale peuvent s'échanger des produits commerciaux en provenance de l'Est chez les populations igbo ou encore de l'Ouest des populations yoruba.
Tout ceci nous le savons grâce à l'histoire orale mais aussi parce que de nombreux Européens ont laissé des traces écrites de leurs visites à partir de la fin du XVe siècle. Les Portugais en particulier ont été les premiers à s'intéresser à ce royaume et le Benin n'hésite pas à envoyer des ambassades à Lisbonne tout au long du XVIe siècle. Les Néerlandais ne sont pas de reste puisqu'en pleine compétition avec les Portugais à partir de la fin du XVIe siècle, ces derniers vont essayer de commercer avec le royaume du Bénin. Grâce à ces écrits, le royaume du Benin est l'un des royaumes précoloniaux les plus connus par les historiens.
Le commerce avec les Européens est essentiel mais de nombreux clichés perdurent. Évidemment pas de verroterie marchandée sur place. Le royaume du Benin utilisait un double système de monnaies avec des cauris (des coquillages principalement issus des Maldives) et des manilles (du métal en forme de bracelet). Les esclaves bien que présents dans le royaume du Benin n'étaient pas revendus la plupart du temps aux Européens. Le royaume du Benin exportait du poivre, de l'ivoire et des perles de verre et importait du lin, des chevaux, du métal et de l'alcool.
Ce refus de commercer des esclaves avec les Européens aurait été à l'origine d'une crise économique à la fin du XVIIe siècle. À cette époque Oyo et Allada dominent la traite dans la région, s'enrichissent considérablement et s'imposent à tous leurs voisins. Le royaume du Benin est alors en proie à une guerre civile et l'aristocratie tente par tous les moyens de limiter les pouvoirs de l'oba. Dans les années 1720, le calme revient et le pouvoir de l'oba bien que toujours sacré est maintenant partagé avec les hauts dignitaires du royaume.
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