Quelles images a-t-on de la justice ? Quelle image l'institution laisse-t-elle percevoir d'elle-même ? La France refuse encore aujourd'hui d'ouvrir ses prétoires aux caméras (quand d'autres pays l'acceptent, ainsi que toutes les juridictions internationales). «Nouvelle forme d'iconophobie» ou peur légitime de la justice spectacle ? Dans les Cahiers de la justice, le magistrat Denis Salas plaide pour une ouverture encadrée des cours de justice aux caméras «qui donnerait un supplément de légitimité démocratique à l'institution, et affirmerait, dans les procès à dimension historique, sa contribution à la mémoire collective». Denis Salas relève ce paradoxe : alors que l'image est désormais omniprésente dans le procès (photos de scène de crime, dépositions par visioconférence, images filmées par les caméras de vidéosurveillance ou par les smartphones de témoins…), on ne trouve pas d'images du procès (à part le traditionnel dessin de presse). Dans le même dossier, l'historien Frédéric Chauvaud revient sur les images de la peine capitale à la Belle Epoque, tandis que Laurent Bihl et Sylvie Humbert analysent les images de la justice dans la presse satirique ou le cinéma.
«Séduction et peur des images», les Cahiers de la justice, revue de l'Ecole nationale de magistrature, 1er trimestre, Dalloz.