Le temps me semble bien lointain où le feuilleton qui faisait vibrer les Etats-Unis consistait à savoir si sucer, c’était tromper... Pendant des mois, nous étions suspendus aux nouvelles pour savoir si la robe rouge maculée était passée au nettoyage à sec, ou si elle avait été pieusement conservée au fond de l’armoire de la stagiaire...
Cette chère Monika, et son Bill de patron, nous semblent aujourd’hui bien mièvres en comparaison du déversement quotidien qui nous subissons depuis plus de deux ans ; Monika, c’est Blanche-Neige et Cendrillon réunies, à côté de la somme d’obscénités que nous entendons aujourd’hui.
Ce flux ne tarit jamais, et je suis toujours surpris de ces nouvelles qui me laissent médusé, sans voix, paralysé par le dégoût qu’elles m’inspirent
Arrêtons nous sur la dernière salve nauséabonde...
«L’administration Trump réfléchit à créer un motif de licenciement des salariés en raison de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle.»
Oui, ce serait un nouveau motif de licenciement. Ainsi, si votre employeur considère que vous êtes une personne trans, un gay ou une lesbienne, il aura le droit de vous licencier, pour faute. Faute de quoi ? D’être ce que vous êtes tout simplement.
Que vous ayez chez vous un arsenal, pour dégommer la moitié du Texas, n’est pas un motif de licenciement, c’est votre droit le plus strict. Mais que l’on apprenne que, vous monsieur, un jour, vous avez sucé le sucre d’orge de votre copain, ou vous madame, vous vous êtes caressé le bonbon avec votre copine, alors là, honte à vous ! Dehors ! Pas de gens comme ça dans notre entreprise...
Le tri de la population sur des critères de genre ou d’orientation sexuelle est tout simplement ignoble. Il rappelle les méthodes les plus cruelles de discrimination basées sur la couleur de la peau ou la religion. Offrir des droits différents selon l’orientation sexuelle des individus, leur identité de genre, leur sexe, leur religion, leur origine est le principe même d’une société d’apartheid.
Je sais que nombre de personnes aux USA luttent contre ce type de discrimination, mais voir que l’administration actuelle ose proposer ce genre de méthode est purement révoltant et simplement inimaginable il y a quelques années.
Il y a peu de temps un jugement a donné raison à un boulanger-patissier américain qui refusait de vendre un gâteau à un couple d’hommes.
Extrait du jounal Le Monde :
Victoire judiciaire pour un pâtissier américain ayant refusé un gâteau à un couple homosexuel. Jugeant que les droits religieux du commerçant, fervent chrétien évangélique, avaient été négligés, la Cour suprême des Etats-Unis lui a donné raison.
Ces dérives successives imprègnent progressivement les propositions de certains groupes politiques du monde entier et libèrent une parole vectrice de violence et d’exclusion de toutes les minorités.
J’en profite aussi pour signaler un autre scandale inscrit aussi dans la loi américaine qui légitimise le meurtre et la violence envers les individus de la communuaté LGBT+ : «The gay/trans panic defense».
Cet argument est utilisé par la défense pour expliquer que le comportement violent ou l’assassinat commis par l’accusé est du à un effet de panique devant les avances supposées de la victime gay/lesbienne/bi/trans.
Extrait du site slate.fr :
Dix mois de liberté surveillée pour «homicide par négligence»: c'est la peine que vient de prononcer, jeudi 26 avril, un jury texan à l'encontre de <a href="https://www.huffingtonpost.com/entry/texas-james-miller-gay-panic_us_5ae35296e4b04aa23f22efe8">James Miller</a>, un ex-policier de 69 ans qui comparaissait pour avoir tué son voisin, Daniel Spencer, 37 ans, avec un couteau. Les avocats de l'accusé ont utilisé avec succès une ligne de défense rare et controversée aux États-Unis: la <i>«gay panic defense»</i>, qui permet à un suspect de <a href="https://www.tdg.ch/monde/etat-abolit-loi-homophobe/story/31114154">justifier un meurtre</a> en plaidant la «panique» provoquée par les avances non désirées d'une personne de même sexe. <a href="http://tetu.com/2017/09/05/aux-etats-unis-meurtriers-homophobes-peuvent-plaider-gay-panic-defense/">Depuis plus de cinquante ans</a>, des tueurs sont acquittés ou <a href="http://blog.francetvinfo.fr/bureau-washington/2017/09/14/aux-etats-unis-les-assassins-homophobes-americains-peuvent-plaider-la-legitime-defense-anti-gay-et-trans.html">voient leur peine réduite</a> en invoquant cette ligne.
San Francisco, Castro, New York nous faisaient rêver quand j’étais jeune. Ils étaient le symbole de la liberté et le fer de lance pour la reconnaissance des minorités. Aujourd’hui on peut frémir que ce même pays propose de considérer comme une sous-catégorie la population LGBT+: triste anniversaire de Stonewall.
Au fait, comment vont-ils faire pour détecter les gays ?
Si j’ai seulement sucé, ça compte ? Je risque d’être licencié ?