Il est 10 heures : c'est parti, tout le monde est là ou presque, il manque juste le rédac chef, Gérard Noiriel, bloqué dans le TGV. On y va quand même, c'est Libé… l'autogestion. On commence par les réactions sur l'édition du jour. Pas de une, déplore un historien, encore une photo de Macron. Pas vrai, rétorque un journaliste, le dernier Macron en une remonte au 4 septembre. D'autres se plaignent du portrait de Bouvet. Joffrin rappelle que Libé est laïc et universaliste. On fait défiler les pages «froides», déjà prêtes.
10 h 15 : bon, mais tout ça, ça fait pas un journal, l’actu ne manque pourtant pas : l’imminence d’une attaque turque au Kurdistan, la crise semi-constitutionnelle aux Etats-Unis, la tenue à Lyon de la conf du Fonds mondial contre les pandémies… Un texto de Noiriel pointe le débat sur l’immigration.
10 h 30 : on s'anime autour de la grande table. Chacun·e y va de sa proposition, en fonction de ses compétences ou de ses engagements : les suicides d'enseignants, la désobéissance, Extinction Rebellion. Les journalistes écoutent. Et si on se colletait un peu à l'actu, dit l'un. Les Kurdes, Trump, c'est vraiment important, on n'est pas là pour faire des pages «Idées». On avance, on commence à y voir clair : les Kurdes en une, Trump ensuite, et puis les doubles pages : actu France, la pandémie, Rouen. Et ce sera comme l'an dernier le «Libé des historien·nes».
11 heures : ça se précise, double page après double page. Ceux qui sont venus avec des idées précises les annoncent. Une spécialiste de l'Italie, qui voulait éclairer la crise de l'été, écrit sur l'Homme de Vitruve ; les chefs de service pointent les lacunes, il faudrait ça et ça : et le sport.
11 h 15 : on y est, l’option une sur les Kurdes est validée par Noiriel.
11 h 20 : le making-of est déjà sur Twitter, on se demande à quoi on sert. Dispersion dans les services, journalistes et historiens mêlés. On sort les portables, et les casques, bien utiles quand une dispute éclate entre deux de nos hôtes. A la «table Trump», un antiquisant et un médiéviste réfléchissent à l’histoire longue du contrôle démocratique.
12 h 10 : calme plat, ça écrit.
12 h 30 : premier revirement. L’absence de mouvement sur le front kurde incite à préférer l’actualité américaine. Trump refait surface en une.
13 h 15 : c’est comme si les historiens et les historiennes s’étaient volatilisés, ils écrivent. Il faut l’arrivée du buffet pour qu’on les revoie s’affairer collectivement. La suite à la machine à café, où certains regrettent les Kurdes, c’est toujours l’Amérique qui gagne.
15 h 40 : deux infos fortes coup sur coup. Attentat d’extrême droite dans une synagogue de Halle, en Allemagne, un jour de Kippour ; début de l’offensive turque au Kurdistan syrien. Nouvelle réunion au sommet, retour des Kurdes en une. Les journalistes sont graves, les historiens et historiennes démunis.