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Libération

La Marianne de Shepard Fairey détournée : la république qui blesse

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publié le 21 novembre 2019 à 18h11

Mathilde Larrère: «On peut établir un lien entre cette peinture de l'artiste américain Shepard Fairey, alias Obey Giant et la Marseillaise de Rude. Ce sont toutes deux des allégories de la République éborgnée. Mais quand celle de Rude a tourné sur les réseaux sociaux comme une allégorie de la République blessée, c'était pour dire que la victime était la République d'Emmanuel Macron, agressée par les gilets jaunes. Sur cette reprise d'une peinture de Fairey, l'agression est du côté du pouvoir, et les blessés sont les gilets jaunes.

«La devise y est détournée : tout le jeu sur les symboles de la République que nous avons pu voir cette année montre leur vitalité extrême. Le mouvement ouvrier, qui s'opposait au pouvoir en place, s'était constitué son propre ensemble de symboles - le drapeau rouge, l'Internationale, le 1er Mai. Les gilets jaunes, puisqu'ils ne sont pas un mouvement ouvrier, ont repris une liste de symboles républicains, et l'ont utilisée en leur donnant une portée séditieuse qu'ils n'avaient plus. Cela a obligé les gens à se poser la question : d'où viennent ces symboles, que veulent-ils dire, qui est légitime à les brandir ? La question ne se posait pas quand on opposait l'Internationale à la Marseillaise.»