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Interview

Frédéric Worms : «Il faut une politique de l’amour»

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Face à l’urgence climatique et aux prophéties sur la fin du monde réduisant l’homme à la survie, le philosophe prône dans son dernier essai une «vital-démocratie», soit un projet politique qui intègre tous les aspects de la vie humaine.
(Dessin Simon Bailly pour Libération)
publié le 29 novembre 2019 à 18h06

La «fin du monde» devient concrète. Les études sur le réchauffement climatique n'en finissent pas d'alerter sur les conséquences catastrophiques de l'augmentation des températures. Le risque de léguer aux générations futures une planète diminuée se précise. Cette prise de conscience nous ramène brutalement à notre condition de vivant. Dans son dernier essai, Pour un humanisme vital (Odile Jacob), le philosophe Frédéric Worms, chroniqueur à Libération , examine les dangers de ce «moment présent», dont le principal consiste à être réduit à la survie. Cette inquiétude peut-elle être féconde ? Prendre soin du «vivant» ne se limite pas à l'environnement, mais bien à toutes les facettes de la vie humaine, la justice, l'amour, la liberté, autant de choses dont notre vie dépend. La philosophie de Frédéric Worms, professeur à l'Ecole normale supérieure et membre du Comité consultatif national d'éthique, est aussi un projet politique qu'il nomme «vital-démocratie». Une social-démocratie qui tiendrait compte du vivant, du social comme vital.

Une impression de chaos infuse dans toutes les sphères de la vie humaine. Mais aujourd’hui est-il vraiment plus dangereux qu’hier ?

Nous vivons non pas un chaos, mais une «révolution du vivant», autrement dit un renversement par lequel justement l’histoire humaine se replonge dans la nature, dans le vivant. Il y a un choc à voir tout à coup l’horizon historique ramené à la Terre, à sa préservation. Mais les raz-de-marée et les tremblements de terre ont toujours existé, le changement majeur se situe dans le changement de représentation de l’homme. Ce qu