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Blog «Ma lumière rouge»

Anne Hidalgo toujours à côté de la plaque

Blog Ma lumière rougedossier
Mensonges et approximations dans la politique municipale parisienne anti-putes
Photo crédit @ Komitid
publié le 2 décembre 2019 à 17h27
(mis à jour le 2 décembre 2019 à 17h30)

Samedi 30 novembre, Anne Hidalgo maire de Paris inaugurait une plaque commémorative en l’honneur de Cleews Vellay, ancien président d’Act Up-Paris. Ce fut l’occasion pour beaucoup de militantEs de la lutte contre le sida de lui rappeler tous ces manquements à l’égard des communautés touchées par l’épidémie: accueil désastreux des migrantEs et réfugiéEs, blocage du centre d’archives LGBTIQ, plan crack en suspens, et bien sûr répression du travail sexuel.

Anne Hidalgo n’a pas de réel bilan positif concret à offrir et mise principalement sur les symboles et la communication. Un peu de coloriage arc en ciel sur un passage piéton, des plaques commémoratives, des petites subventions à quelques associations, et les LGBTIQ parisienNEs, électorat non-négligeable dans cette ville devraient suivre?

Elle sait aussi que les travailleuses du sexe sont la population clé la plus négligée par la lutte contre le sida et que la plupart des activistes ne maîtrisent pas bien tous les enjeux. Alors qu’elle a ratifié la déclaration de Paris (lors de la conférence scientifique contre le sida) demandant la non pénalisation et non stigmatisation des populations clés, elle a toujours appliqué et défendu une approche répressive en ce qui concerne le travail sexuel.

Militante en faveur de la pénalisation des clients, elle a signé plusieurs pétitions en ce sens. La mairie de Paris sous la délégation d’Hélène Bidard a communiqué en soutien à l’abolitionnisme d’état et à la pénalisation des clients. Surtout, ce qui lui est reproché, est la politique municipale encourageant le harcèlement policier dans certains quartiers comme celui de Belleville et appliquant des arrêtés contre les travailleuses du sexe dans les bois de Boulogne et Vincennes.

L’interpellant à ce sujet pendant la commémoration, Hidalgo a choisi de tromper le public en cherchant à faire passer les activistes putes pour des idiotes. Elle affirme que les arrêtés ne sont pas de sa responsabilité mais des arrêtés préfectoraux contre lesquels elle ne peut rien. Fin de la discussion. Circulez y a rien à voir.

Il se trouve qu’en réalité, les arrêtés anti-stationnement sont des arrêtés conjoints entre la préfecture de Paris et la mairie, et qu’elle ne peut se dédouaner ainsi de sa responsabilité.

Quand bien même seule la préfecture aurait le pouvoir d’abroger ces arrêtés, la maire de Paris pourrait toujours écouter les activistes et communiquer un soutien public afin d’obtenir des réponses de la préfecture. Au lieu de cela, nous sommes ignorés, puis baladés d’une délégation à une autre, une nouvelle version est apportée à chaque fois pour justifier l’impossibilité de cesser la répression municipale, tout est fait pour nous décourager, et on cherche toujours à faire passer les activistes pour des imbéciles qui n’ont pas compris et se trompent de cible.

On nous raconte que les arrêtés ne sont pas réellement appliqués, qu’il n’y a pas de preuves de leur application. Nous sommes obligés de leur retourner des exemples de PVs reçus par des travailleuses du sexe pour démontrer que la police continue d’utiliser ces arrêtés pour réprimer les travailleuses du sexe et cibler uniquement leurs véhicules puisque ces arrêtés anti-stationnement sont détournés de leur sens premier dans le but de pénaliser le travail sexuel.

Ce qui est «étonnant», c’est aussi que la communication avec la préfecture ne pourrait aller que dans un seul sens, celui du toujours plus répressif. Dans un courrier adressé aux habitants du 18ème arrondissement datant du début de l’année, la maire de Paris expliquait être en action continue avec la Préfecture de Police contre la présence des vendeurs à la sauvette et demander à l’Etat d’amplifier sa lutte contre la prostitution, notamment contre le droit au logement des travailleuses du sexe, sous prétexte de remonter des «réseaux» alors que la simple location d’appartements suffit à définir le «proxénétisme».

Anne Hidalgo est en campagne électorale, donc elle est prête à faire croire la veille d’un 1er décembre, journée mondiale contre le sida, qu’elle est aux côtés des travailleuses du sexe, alors qu’elle est, et a toujours été une de nos pires ennemies, et n’a jamais apporté aucune preuve concrète d’un éventuel soutien à nos revendications. Si elle était vraiment sincère, elle accepterait au moins de discuter le fond des problèmes plutôt que de chercher à les contourner en se défaussant constamment sur d’autres. Qu’elle prenne enfin ses responsabilités.