Thelma avait plusieurs prénoms. Elle s'appelait aussi Zelda, mais pour le cercle de sa «famille militante» c'était Maia. Maia a décidé de nous quitter la veille du 17 décembre, journée mondiale contre les violences faites aux travailleurSEs du sexe. Nous n'avons rien vu venir, et son dernier billet du 1er décembre sur ce blog peut, à relecture, être vu comme un dernier au revoir.
Maia était multi-facette avec plein de qualités. Elle avait enchaîné les petits boulots, pratiquait différentes formes d’arts, s’impliquait comme militante pour la cause, et était co-auteure de ce blog. Elle était sensible et intelligente, comprenait tout très vite. Je l’ai rencontré la première fois lors du festival explicite à Montpellier. Elle était porte parole pour le STRASS à Marseille et avait organisé avec Marianne Chargois les soirées performances des putains de rencontres dans cette ville cette année là.
Elle se moquait un peu de moi car je ne comprenais pas vraiment l’art mais il est certain que son travail était apprécié et respecté par ses paires. Ses performances parlaient aux gens et surtout, à ses sœurs de lutte. Comme beaucoup d’entre nous, la stigmatisation du travail sexuel pesait sur elle et était au centre de ses réflexions et analyses féministes.
Curriculum vitæ from Maïa Izzo Foulquier on Vimeo.
Elle avait rédigé le guide «Le féminisme pute pour les nul.le.s» et avait été la première travailleuse du sexe rappeuse à être interviewée dans Madame Rap.
Maia était très prometteuse. Elle faisait partie des quelques activistes à parler à visage découvert quand la grande majorité ne peut toujours pas. Elle avait un vrai sens politique et n’avait pas peur de prendre des risques, ni de se confronter aux différentes formes d’autorité qui s’opposaient à elle. Elle nous paraissait forte et puissante mais la visibilité quand on est travailleuse du sexe signifie aussi devenir une cible. Elle se battait contre les discriminations auxquelles elle était confrontée dans ses milieux professionnels et artistiques.
Des personnalités comme la sienne sont très rares. C’est une immense perte pour la communauté des travailleuses du sexe, car toutes ses actions étaient empreintes de courage et de détermination. Je ne peux que constater le choc autour de nous, un énième coup de massue. En si peu de temps elle nous a donné beaucoup et tout ce qu’elle a fait restera avec nous. Tu vas nous manquer sister.