Des girafes tendent leur cou vers le ciel, mais gardent un œil sur ce troupeau d'éléphants aux trompes semblables à celles d'un tapir. A quelques mètres de là, on croise des cervidés, des éléphants encore, ou… des chiens-ours. Et des animaux encore plus bizarres, comme les chalicothères, mammifères à la tête de cheval et au corps de gorille. Ce drôle de bestiaire, on l'imagine façon Roi Lion dans une savane africaine fantasmée. Pourtant, c'est bien en Europe qu'on aurait pu l'observer, si on avait vécu au miocène, de 23 à 5,3 millions d'années avant notre ère. Le continent a depuis perdu cette immense biodiversité. Le paléontologue australien Tim Flannery nous rafraîchit la mémoire avec Supercontinent. Une histoire naturelle de l'Europe (Flammarion, 2019). Dans un voyage au fil des 100 derniers millions d'années, il montre que l'Europe a toujours joué un rôle de carrefour, accueillant des espèces nombreuses et surprenantes. Il invite à renouer avec ce passé en «réensauvageant» nos territoires… ou en ressuscitant des espèces disparues.
Si vous deviez ressusciter un animal disparu, ce serait l’anisodon, un drôle de quadrupède de 1,50 m au garrot. Pourquoi lui ?
Parce que cet animal de la fin du miocène est une énigme : rien de semblable n’existe aujourd’hui ! Imaginez une créature dont la démarche est similaire à celle d’un grand singe, avec une tête de cheval, un cou d’Okapi et des bras de gorille ! J’aimerais le voir et comprendre ce qu’il faisait d’un tel corps.
Pourquoi est-il important, pour penser la biodiversité actuelle, d’observer l’Europe des millions d’années en arrière ?
Nous devons comprendre l’histoire des continents pour apprécier pleinement les forces qui continuent d’agir sur nous. Vous