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Libération
Chronique «Médiatiques»

Dans le bunker de «Charlie»

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Dans le dernier numéro du journal, Riss dénonce les «nouvelles censures» des réseaux sociaux. Elles viseraient, pêle-mêle, Hollande, Zemmour ou Finkielkraut. Qui se portent plutôt bien.
Charlie Hebdo anniversaire
publié le 12 janvier 2020 à 17h06

A qui entreprend d'écrire sur Charlie Hebdo, non seulement toute réserve, toute critique, mais toute ironie même sont comme implicitement interdites. Plane encore aujourd'hui sur le sujet l'odeur atroce des cadavres, du sang, du fer, décrite dans les récits obsédants des rescapés. Allez vous sentir libre, après ça, de blaguer comme on peut blaguer à propos de BFM… Pénétrons donc tout doucement dans le bunker des martyrs de la rigolade, pour tenter de poser à mi-voix la question : alors, cinq ans plus tard, où en sont-ils ? Où en sont les survivants, où en est la résilience ? Dès la page 3, le directeur, Riss, tente de rassurer ses lecteurs. «Le journal est toujours là, et sa liberté d'esprit aussi.» Ouf. Allons-y.

Le numéro anniversaire se présente comme une dénonciation des «nouvelles censures», celles des réseaux sociaux. Soit. Qui sont les nouveaux censeurs ? Qui sont les censurés ? L'édito de Riss n'aide pas beaucoup les lecteurs. Côté nouveaux censeurs sont apparus sur les réseaux sociaux «des idéologies inédites», «des opinions très diverses, parfois enrichissantes, mais parfois obscures, appelant à boycotter, à dénoncer, à fustiger». Mais fustiger qui ? «Les points de vue atypiques, non conformistes, ou simplement maladroits». «Petits connards et petites connasses qui pérorent à longueur de pétitions débiles, de proclamations sentencieuses, d'un clic, ils se transforment en prophètes de leur propre religion, et