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Blog «GreyPride»

Les vieux : tous clients jusqu'au bout ?

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En vieillissant, sommes-nous condamnés à devenir seulement des clients et des objets de soin ?
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publié le 14 janvier 2020 à 18h31
(mis à jour le 7 mars 2020 à 13h39)

Le marché, le marché ! Quelle merveilleuse idée que le marché. Toute notre vie on nous apprend à être des consommateurs de produits censés nous rendre la vie plus facile, ou qui nous rendront plus heureux... Le marché des vieux n’échappe pas à cette logique : assurances obsèques pour partir sans souci, complémentaires santé pour avoir accès aux dernières nouveautés en terme de soin, établissements onéreux pour vivre une retraite paisible, aides à domiciles pour nous aider dans les gestes du quotidien, assurances dépendances pour pouvoir compenser tout ce que l’on ne peut plus faire... les promesses sont là ! Le marketing fonctionne...et tous ceux qui peuvent payer s’achètent toutes les garanties pour vivre une vieillesse sans encombre... presque sans encombre.

Oui tout s’achète, ou presque... mais tout cela ne nous garantit en rien contre la solitude. Etre consommateur ne nous permet pas d’exister en tant qu’individu avec nos désirs, notre histoire qui ne se limite pas à une liste de courses !

On oublie trop souvent que vieillir, c’est peu à peu faire face à notre fragilité, à nos doutes existenciels et rien ne peut remplacer, un geste, une caresse, une parole d’une personne qui se préoccupe de vous.

Alors, quand La Poste, nous propose du lien social rémunéré ; quand les promesses de la SilverEconomy semblent résumer notre bien-être à un catalogue d’objets et de services ; quand les progrès robotiques nous offrent une perspective de présences artificielles, n’oublions-nous pas l’essentiel ?

Pour certains, la famille reste présente et accompagne ses anciens jusqu’à la fin de la vie, mais pour beaucoup c’est le désert. Heureusement des bénévoles d’associations essaient de compenser ce vide et de maintenir un lien humain.

Etre un consommateur, être un client, être un patient, être un malade, être un vieux, ce ne sont que des rôles que l’on nous attribue, ce n’est pas nous. Bien vieillir, c’est pouvoir conserver son identité profonde tout en continuant à avoir un échange avec des gens qui vous aiment, au moins un peu...

On ne peut pas réduire le bien-vieillir à une marchandisation des espaces et des services. Organiser la prise en charge de notre vieillesse nécessite de garder présent à l’esprit que rien ne remplacera une présence bienveillante, un regard tendre et des gestes affectueux.

C’est peut-être trop demander, mais c’est quelque chose que nous pouvons tous donner.