Il le dit lui-même, c'est un livre «civique et expérimental», un «exercice fondamentalement spéculatif». Un livre virulent où chacun en prend pour son grade - Emmanuel Macron bien sûr, mais aussi La France insoumise (LFI) ou Pierre Bourdieu. Ceux qui raffolent de l'humour ravageur et des fulgurances d'Emmanuel Todd s'y retrouveront. Pour les autres, il manquera des données solides pour appuyer la thèse centrale du démographe : le vrai problème français n'est pas la montée des inégalités, mais bien au contraire la baisse du niveau de vie de tous (bourgeoisie comprise) due à la monnaie unique et à la politique d'austérité européenne. Du prolo au cadre sup parisien coincé dans son appartement trop petit : tous losers.
Le titre du dernier livre d'Emmanuel Todd, les Luttes de classes en France au XXIe siècle (Seuil), est bien sûr un clin d'œil à Marx. Non pas que le démographe, «ancien stalinien», comme il le dit en s'esclaffant, en appelle à un retour au marxisme, mais parce qu'il admire chez l'auteur du 18 Brumaire son «instinct», son «audace», ses «coups d'œil ravageurs» (suivez mon regard).
Emmanuel Todd distingue quatre «nouvelles classes sociales» : tout en haut, «l'aristocratie stato-financière» (1 % de la population), «qui se fait piétiner par les Allemands et les Américains et se venge sur les Français». Ce sont sans doute les seuls vrais gagnants de notre système.