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Blog «GreyPride»

"Les vieux", ça n'existe pas !

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Seul le regard que nous portons sur la vieillesse est à l'origine d'une catégorie à laquelle nous ne voulons pas appartenir.
COPI, extrait de Mme Solitudiné
publié le 11 février 2020 à 18h18
(mis à jour le 10 avril 2020 à 10h34)

La difficulté de nommer ceux et celles qui vieillissent est significatif de notre rapport à la vieillesse.

Nos vieux, nos vieilles, nos aînés, nos âgés, les seniors...

Même en voulant être bienveillant, nous en parlons comme s’ils étaient une catégorie à part de la population, une catégorie dont la principale caractéristique serait d’être vieux et sans respecter leur identité. Nous ne pouvons pas être réduit à une caractéristique liée à l’âge ou à la perte d’autonomie ou à une pathologie. Les vieux, c’est nous tous, aujourd’hui ou demain !

Tout au long de notre vie nous choisissons nos ami-e-s, nos amant-e-s, nos passions, notre rythme de vie... Pourquoi cela changerait-il à partir d’un certain âge ?

La dépendance n’a rien avoir avec notre autonomie et notre compétence pour savoir ce que nous souhaitons faire où ne pas faire, comment nous souhaitons vivre... Ne pas respecter les individus et leur altérité, leur intégrité est le premier moteur de la maltraitance, de la dépréciation de soi-même et qui s’accompagne inexorablement de la perte de désir de vivre (plus de 30% de dépressions dans les EHPAD, 300 000 personnes âgée en situation de mort sociale).

Marquer cette différence entre nous et les vieux a certainement pour origine la peur de vieillir et d’envisager notre propre finitude. Mais comment parler de bientraitance si nous ne pouvons pas exprimer comment nous souhaiterions vieillir ? Pourtant c’est le grand silence... Dans une société qui sacralise l’individualisme et la jeunesse, peu de gens expriment leurs souhaits sur cette période de la vie.

Le projet d’entrée dans une institution (maison de retraite, EHPAD...) est toujours connoté avec la notion de «place». On peut changer d’habitat, chercher un lieu qui nous permette de mieux vivre, mais cela ne peut pas être dans une logique de place disponible ! On peut parler aussi de projet d’accompagnement, d’exprimer ses choix, mais certainement pas de participer à des activité plus ou moins obligatoires pour nous occuper !

Il est temps de militer pour exprimer nos souhaits et construire l’environnement ad-hoc et d’être les partenaires des choix d’habitat, d’accompagnement qui sont pour l’instant pris par les politiques, le milieu médical et le secteur privé.

GreyPRIDE a été créé pour montrer comment les minorités (orientation sexuelle, identité de genre, séropositivité) se rendaient invisibles à des dispositifs perçus comme maltraitants. Mais le regard des minorités doit interroger la globalité de la population et permettre d’envisager de nouvelles solutions , de nouvelles solidarités pour ne plus être dans la crainte de se retrouver dans un environnement qui ne nous respecte pas.

Parlons de vieillesse, de notre vieillesse... ne pas le faire c’est donner les clés de notre vie à d’autres, c’est ne plus pouvoir faire respecter nos choix.

Pourquoi ne pas rejoindre GreyPRIDE ? AUjourd’hui, nous avons besoin de vous, demain, vous aurez besoin de nous !