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Un Collège de France en chaires et en hommes

Combien de professeurs hommes dans la vénérable maison ? 81 %. La féminisation des postes n’est pas encore la priorité de l’institution.
La féminisation des postes n’est pas encore la priorité du Collège de France. (Léo Caillard)
publié le 11 février 2020 à 17h36
(mis à jour le 13 février 2020 à 18h06)

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C’est le graal de tout professeur ayant consacré sa vie au savoir et aux idées : enseigner au Collège de France. Comme Roland Barthes ou Michel Foucault… la consécration. Le dernier admis, en janvier, à la chaire de littératures comparées, s’appelle William Marx. Avant lui ? Le sociologue Didier Fassin, invité à parler pendant un an de «l’inégalité devant la vie». Et avant encore ? L’historien spécialiste de l’Afrique François-Xavier Fauvelle, entré au Collège à l’automne… Et une femme ? Une femme, oui, sur les douze nominations de 2019-2020. La juriste Samantha Besson, spécialiste du droit international des institutions, intégrera en mars ce qui s’apparente à un boy’s club du savoir.

Combien d'hommes au Collège de France ? 81 %. Sur les 47 chaires pérennes de l'institution (sciences, mathématiques, humanités, sciences sociales…), 9 seulement sont tenues par des femmes. Dans sa présentation, l'établissement insiste sur sa vocation exemplaire d'enseigner «le savoir en train de se constituer dans tous les domaines des lettres, des sciences ou des arts». Une modernité masculine, visiblement. L'effet #MeToo n'a pas vraiment ébranlé la vénérable maison créée en 1530. Pas d'effet de rattrapage, ni de politique d'affichage opportuniste. «Le Collège pourrait être plus à l'avant-garde, admet bien volontiers son administrateur, Thomas Römer. Nous sommes conscients de ce déséquilibre, nous en parlons, mais cela prend du temps.» Signe de bonne volonté, l'institution espère pouvoir accueillir très prochainement une chercheuse vietnamienne. Et dans des discussions informelles est abordée la question des études de genre et des sexualités, qui n'est pas enseignée au Collège. L'établissement préfère mettre en avant sa politique de diversité : Alain Mabanckou a été, en 2016, le premier écrivain à occuper la chaire de création artistique, et l'Indien Sanjay Subrahmanyam donne des cours sur l'histoire connectée des empires. Thomas Römer tente de se rassurer : «On ne peut pas laisser dire que le Collège de France est un club de vieillards qui ne serait pas touché par les questions de société.»

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