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Libération
Entretien

François Gèze : «Jamais le mépris du peuple n’aura autant été érigé en système que par le régime algérien»

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Il y a un an, après l’annonce de la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat, des millions de personnes commençaient à manifester pacifiquement chaque semaine. Dans un ouvrage collectif, des chercheurs français et algériens analysent ce mouvement d’une durée inédite. Rien ne sera plus jamais pareil en Algérie.
Des Algériens contestant la victoire d’Abdelmadjid Tebboune à la présidentielle, le 13 décembre à Alger. (Photo Sabri Benalycherif. Hans Lucas )
publié le 23 février 2020 à 18h01

Ouvrage collectif, paraissant à l’occasion du premier anniversaire de la révolte algérienne, Hirak en Algérie. L’invention d’un soulèvement (la Fabrique) réunit des contributions d’acteurs et d’experts algériens et français impliqués dans le mouvement. L’un de ses quatre coordinateurs, François Gèze, éditeur historique de la Découverte, également membre d’Algeria-Watch, ONG qui œuvre pour les droits de l’homme en Algérie depuis 1997, est à l’initiative de ce livre.

Quelle a été votre démarche pour ce livre sur le hirak en Algérie ?

Ce livre s’est fait à marche forcée, motivé par l’urgence du moment mais aussi par un engagement ancien de notre part. A Algeria-Watch, nous avons publié sur notre site internet, depuis vingt-trois ans, énormément d’informations sur l’actualité algérienne, avec une audience croissante en Algérie et dans la diaspora, même si nous avons été assez peu relayés par les médias français. Depuis des années, tous les mois de janvier, nous diffusons un article d’analyse ou un entretien vidéo lors de l’anniversaire du coup d’Etat militaire du 11 janvier 1992, qui a conduit à une terrible «guerre contre les civils», marquée durant des années par les exactions des forces de sécurité comme par les atrocités des groupes armés se réclamant de l’islam. En janvier 2019, nous avons publié, comme d’habitude, un nouvel entretien anniversaire, sans aucunement deviner ce qui se préparait. Même si nous avons alors conclu qu’il fallait «garder l’espoir», ne serait-ce que du fait de la présence d’une jeunesse formidable, exprimant de