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Chronique

L’hypothèse Sanders

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Et si, contrairement à une croyance très répandue, face à une droite sans complexes, il ne fallait pas présenter un «modéré» de gauche, mais au contraire un candidat de la gauche décomplexée…
publié le 1er mars 2020 à 17h31

Nouvelle incroyable, passée un peu inaperçue. Attention, asseyez-vous, relaxez-vous, prenez un verre, ce qui va suivre est ébouriffant : Bernie Sanders pourrait gagner. Gagner quoi ? L’investiture du parti démocrate dans l’élection présidentielle américaine ? Oui, certes, mais même davantage : gagner la Maison Blanche. Gagner en finale contre Trump ? Sanders, cet extrémiste ? Ce socialiste ? On se demande qui peut faire courir un pronostic aussi contraire à l’opinion générale (y compris l’opinion d’un certain Vladimir Poutine qui, si l’on a bien compris, se prépare à s’ingérer dans la campagne américaine en faveur de Sanders, par publicités Facebook interposées comme en 2016, pour… assurer la réélection de Trump).

Celui qui le fait courir n'est pas un supporter de Sanders, mais un politologue américain, Allan Lichtman, qui a étudié toutes les présidentielles américaines depuis 1860, et ne s'est jamais trompé dans ses pronostics. Cruellement, dans un article du site The Hill, Lichtman rappelle la longue liste des candidats démocrates «modérés et expérimentés», finalement battus : Michael Dukakis (1988), Al Gore (2000), John Kerry (2004) et Hillary Clinton (2016). A l'inverse, les démocrates élus furent tous, sinon de dangereux extrémistes, au moins des candidats ne provenant pas de l'establishment démocrate, comme Jimmy Carter, Bill Clinton et Barack Obama. Côté républicain, l'establishment démocrate se réjouissait en 1980 que soit opposé à Carter un extrémis