«Il y a quand même un problème à régler avec le désir de l'homme. Qui est au milieu de tout, qui est comme normal tout le temps. A un moment, il faudra que ça dégage. Oui, il y a une énorme colère.» 1998 : Virginie Despentes a 29 ans, cheveux auburn lâchés, aucun jeu de séduction. Elle parle de son dernier livre, les Jolies Choses (Grasset), sur le plateau télé de Bouillon de culture. Face à elle, Bernard Pivot. Autour d'elle, Philippe Sollers, sourire narquois, Michel Houellebecq, faussement absent. En bon père de famille émoustillé par la réputation de celle qui a écrit Baise-moi quelques années plus tôt, Pivot l'interroge sur le milieu du rock qu'elle fréquente. Alors, ce «monde de boîtes à partouzes et de sexe» ? «C'est un monde d'hommes, répond-elle, impavide. Un monde d'hommes et de profit.» Mais il y a des femmes, insiste Pivot, quel est leur rôle ? «En gros, de faire les putes», dit-elle sans un battement de cils. Les mots sont à peine articulés, énoncés à un niveau de décibels très bas. Elle ne parle jamais fort, même quand elle s'emporte.
Vingt ans après, l'impassible colère de Virginie Despentes est intacte. Contre ce monde «des puissants» qui vient de «célébrer» Roman Polanski aux césars, malgré de nombreuses accusations de viols. Contre ce pouvoir qui fait passer la réforme des retraites d'un autoritaire 49.3 après des semaines de manifestations. Dimanche 1er m