Notre maison brûle et nous regardons les cendres avec effroi. L'effondrement de la biodiversité et les gigantesques incendies qui ont ravagé l'Australie sont des étendards brandis par les militants écologistes pour appeler à une action urgente. Ces cris d'alarme, aux accents collapsologistes, sont souvent critiqués : pourquoi susciter la peur qui n'a jamais été bonne conseillère ? Depuis deux décennies, le philosophe australien Glenn Albrecht étudie les liens entre écosystème et émotions, dont il propose la synthèse dans son livre les Emotions de la Terre. Sa réponse est claire : non, la panique ne provoque pas l'inaction… à condition d'accorder à nos émotions la place qu'elles méritent dans nos interrogations existentielles et politiques. A travers un lexique qu'il affine sans cesse (comme en témoigne son site internet), il s'efforce de mettre des mots sur ce que nous ressentons. Si certains néologismes sont parfois durs à appréhender («soliphilie», «endémophilie», «eutierrie»…), l'un d'eux l'a fait connaître mondialement et est de plus en plus utilisé : la «solastalgie», c'est-à-dire la désolation et le stress que nous ressentons lorsqu'un paysage familier a été détruit. Ce nouveau champ lexical est sa «contribution à un avenir meilleur», un futur où l'Anthropocène destructeur aura été remplacé par le Symbiocène, «l'ère caractérisée par des émotions positives envers la Terre».
Pour parler des incendies australiens, on se dit que le mot «solastalgie» vise juste, mais est presque trop faible face à l’ampleur des destructions. Qu’en pensez-vous ?
Vous avez sans doute raison. Peut-être faut-il créer encore d’autres mo