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Blog «Humeurs noires»

Humphrey, le génie solitaire et inspiré

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Après quelques années d’absence, l’artiste hip hop, soul, pop et r’nb revient avec le titre introspectif « Combien de fois » qu’il vient de publier sur les plateformes numériques.
Humphrey dans le clip "Combien de fois" © Humphrey Milondo
publié le 6 mars 2020 à 15h54
(mis à jour le 6 mars 2020 à 23h55)

« Combien de fois je devrai mourir avant de renaître. Combien de fois je devrai essuyer la défaite ». chante l'artiste dans son refrain percutant comme si l'industrie musicale et sa machine à broyer les rapports humains lui était passé sur le corps, et qu'il fallait le reconstruire, morceaux après morceaux. L'industrie musicale et sa violence symbolique. À 14 ans déjà, il écumait les studios d'enregistrement parisiens et son talent précoce émerveillait les cercles les plus aguerris au métier de la musique. Puis le succès vint à l'âge d'or des années 2000, emportant avec lui l'innocence d'une enfance surdouée, perdue dans ses rêves de jeune adulte, découvrant après un temps gloire, la véritable condition sociale des artistes.

« Je suis devenu mon propre ennemi. Je me suis isolé quelques années comme par souci de recherche de la perfection. Il fallait que je parte à la redécouverte de soi ».

Le voilà seul face à lui-même. Seul à l'écriture, seul à la table de mixage, à la réalisation musicale et filmographique. Même ses vieux démons l'ont quitté et ne le hantent plus. Lui qui signa quelques prestigieuses collaborations avec Yannick Noah, Amel Bent, Booba, Rohff, Disiz, Slimane ou Youssoupha, admet dans son introspection ne pas avoir tissé de liens avec les nouveaux artistes. « Il n'y a pas toujours de lien entre les générations. Les gens ont leurs équipes. C'est pas si simple » ajoute-t-il.

Si nos sociétés modernes adhèrent volontiers au mythe du génie solitaire et inspiré « ayant apporté le plus grand bénéfice à l'humanité » par leurs créations, cette conception erronée, révèle au contraire que l'innovation est avant tout une oeuvre collective (1). Et c'est précisément d'un collectif, d'une association de brillants collaborateurs dont Humphrey aura besoin pour se révéler à un tout nouveau public, qui n'a pas pu danser sur son hit Señorita.

(1) Joelle Forest, Il n'y a pas de génie solitaire, La Recherche, 2017