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Blog «GreyPride»

La crispation sécuritaire : une logique qui piétine sans état d'âme nos libertés fondamentales

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Au nom de la sécurité doit-on abandonner tout droit au respect de la vie privé ?
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publié le 8 mars 2020 à 23h50
(mis à jour le 9 mars 2020 à 13h00)

GENDNOTES, souriez vous êtes scanné-e !

Dernier avatar dans la réduction de notre droit à la vie privée, l’application GENDNOTES à disposition de la gendarmerie.

Autorisée par décret au mois de février, cette appli permet à tout fonctionnaire de police de noter des informations sensibles suite à un simple contrôle.

Ces informations peuvent être relatives à «la prétendue origine raciale ou ethnique, aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, à l'appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle ou l'orientation sexuelle» (extrait du décret). cette collecte d'information est laissée à l'appréciation du fonctionnaire en dehors de toute procédure judiciaire et ne doit être faite «qu'en cas de nécessité absolue pour les seules fins et dans le strict respect des conditions définies au présent décret, dans les limites des nécessités de la mission au titre de laquelle elles sont collectées».

On comprend bien que l'«appréciation» laisse à tout fonctionnaire de gendarmerie la possibilité de faire ce qu’il veut. «Ce mec, il a l’air louche... »

De plus, ces informations sont consultables par le maire de la commune où habite la personnes contrôlée ou par le préfet.

Ces informations sont aussi partageables sur d’autres fichiers et sont donc collectées sans aucune raison impérieuse, si ce n’est dans l’hypothèse de pouvoir servir dans une affaire... qui n’a pas encore eu lieu. Là, nous sommes dans Minority Report, la prévention des risques permettant dans le film d’arrêter une personne avant qu’un crime ou délit n’ait été commis.

Les fichiers d’homosexuels des RG, détruits sous Mitterrand reviennent donc au goût du jour !

Les sextapes c’est dépassé, maintenant les applis vous déshabillent totalement

GENDNOTES se situe dans la lignée des outils que la magie du numérique donne à nos gouvernants pour toujours mieux contrôler la société : pas seulement les délinquants, les criminels, mais toute la société ! La reconnaissance faciale que M Estrosi souhaite déployer dans tous les lycées de Nice mais qui est déjà utilisée par la police dans les manifestations, les gares, les aéroports. L’application ALICEM proposée par le gouvernement, basée sur cette même technologie, pour nous permettre un accès sécurisé à nos donnée personnelles (sécu, impôts, démarches administratives...), sans parler de toutes les données collectées à notre insu par les gentils GAFA.

Toutes ces technologies, nous font passer peu à peu d’un société dans laquelle il y avait un droit à la vie privée, à une société de transparence obligée. Transparence qui a la vertu de nous protéger des méchants terroristes, des délinquants de tout poils, des casseurs, des violeurs d’enfant...

Vous n’en voulez pas ? Peut-être avez-vous quelque chose à cacher !?

Des protections bien illusoires...

Vous me direz que le RGPD ( règlement général sur la protection des données) est là pour nous protéger et nous aider à garder confidentielles les informations que nous souhaitons. C'est oublié un peu vite que nous vivons dans un monde sans frontière et dans lequel il est facile de détourner toutes les lois. Ainsi la société Clearview AI, basée à l'étranger aurait répertorié près de trois milliards de photos de visages. Tout cela en emmagasinant, depuis 2016, des images récupérées sur internet en libre accès afin d'entraîner une intelligence artificielle à la reconnaissance faciale. Jusqu'ici, la défense de la startup face aux questions éthiques soulevées par sa technologie s'articulait autour d'un argument : la reconnaissance faciale ne serait vendue qu'aux forces de l'ordre, et ne serait utilisée que par des professionnels de la sécurité comme outil d'enquête. Sauf que cet argument s'effrite de semaine en semaine : le New York Times a révélé qu'une poignée de riches individus, entre autres des investisseurs et des proches des fondateurs, disposent de l'application depuis plus d'un an.

Demain, ce sont nos données médicales qui vont être stockées dans des serveurs à l’étranger et donc exploitables par ceux qui s’en donneront le droit.

Et si on refusait ce monde toujours plus sécuritaire ?

Tous ces outils s’apparentent à un fichage généralisé de la population qui ne laisse plus beaucoup de place aux libertés individuelles. En Chine, on voit d’ores et déjà l’utilisation qui en est faite pour empêcher toute opposition et contrôler toute la population.

A quand le fichage des personnes séropositives, l’origine de leur contamination et leur géolocalisation ? La Chine le fait déjà pour le coronavirus : effrayant !

Il est temps de s’opposer à la mise en place de ces outils liberticides, que notre gouvernement, pourtant démocratique, déploie sans aucun état d’âme.

Nous avons encore le droit de vote, alors posez des questions à votre député, à vos élus et lors des prochaines élections décidez de votre vote en toute connaissance de cause.

Quelques liens pour vous informer :

Article du monde:

Article de têtu

Article de la quadrature du net:

Article de valeurs actuelles :

HES