Un scrutin municipal sans gagnant ? C'est le pronostic de Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques de l'université de Lille-II et à Sciences-Po-Lille, qui publie Municipales : quels enjeux démocratiques ? (La Documentation française). Selon le politologue, il y a un tel discrédit de la grammaire partisane que l'appel au citoyennisme envahit le scrutin. Mais la démocratie participative reste incantatoire chez des maires toujours attachés à la logique de la représentation.
Quelle lecture faites-vous de ce scrutin ?
Ces élections sont essentielles car les partis et les élites politiques sont toujours marqués par l’imaginaire du local. On le voit avec Gérald Darmanin à Tourcoing ou Edouard Philippe au Havre, l’ancrage local est incontournable dans la vie politique française. Les jeunes formations politiques, comme La République en marche (LREM) ou La France insoumise (LFI), ont d’ailleurs des difficultés à se confronter à la politique à «l’ancienne» du territoire. Leur ancrage est très complexe. C’est également une problématique qui plombe le Rassemblement national (RN), qui a toujours du mal à présenter un nombre conséquent de listes.
Et les partis du «vieux monde» ?
Une vague de dégagisme municipal est improbable. Pour le PS, comme pour LR, ces élections pourraient être celles de la résilience. Ces deux partis continuent de disposer d’amortisseurs locaux dans les grandes villes. En réalité, aucun parti ne peut vraiment gagner. Certaines formations anticipent la défaite et cherchent à ne pas trop s’afficher : LREM, LFI et, dans une moind