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Interview

Confinement : «Voir passer le temps pour ce qu’il est»

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Puisant dans Blaise Pascal, Thomas Mann ou Marcel Proust, le philosophe Pierre Cassou-Noguès rappelle les bienfaits de l’inaction.
(Brooke DiDonato. VU)
publié le 20 mars 2020 à 20h56

Télétravail, apéros sur les réseaux sociaux, expositions virtuelles, devoirs des enfants… Les idées ne manquent pas pour tuer le temps en confinement. Et pourquoi ne pas, tout simplement, rien faire ? Plus facile à dire qu'à faire, surtout en ce moment, estime le philosophe Pierre Cassou-Noguès, auteur de la Mélodie du tic-tac et autres bonnes raisons de perdre son temps (Flammarion, 2013). Mais ça vaut tout de même la peine d'essayer.

Avec le confinement, beaucoup ont l’impression d’être emprisonnés. Est-ce une bonne image pour décrire la situation ?

Le temps de la prison est en général décrit comme un temps qui ne passe pas, dans lequel les jours ne se distinguent pas. La grande différence en ce moment est la progression du virus, relayée par le journal télévisé qui devient un moment clé de notre temps social. Habituellement, je ne le regarde jamais. Mais en ce moment, j’allume la télévision pour voir comment les événements sont présentés, mais surtout pour avoir la version collective de ce qui se passe. Le virus s’approche-t-il ? Quelle est la situation en Italie ou aux Etats-Unis ? Etc. Cela organise les jours qui passent en une sorte de récit, et rend aussi très présent dans les maisons confinées ce qui se passe à l’extérieur.

Personnellement, trouvez-vous le temps long ?

J'ai la chance d'être dans le Sud-Ouest, région peu touchée à ce jour par l'épidémie, et à la campagne, où le confinement est moins difficile à vivre que dans les villes. Il est étrange d'assister au confinement sévère du dehors, d'y percevoir ce temps immob