Depuis quand avons-nous perdu confiance en l'avenir ? Avant la pandémie de Covid-19, celle-ci s'étiolait déjà depuis des années à mesure que nos connaissances progressaient sur le changement climatique. Pour le philosophe Camille Riquier, spécialiste de Bergson, la crise que nous traversons est révélatrice de cette perte de croyance qui affecte notre époque. Dans son dernier essai Nous ne savons plus croire, disponible en ligne (éditions Desclée de Brouwer), le vice-recteur à la recherche de l'Institut catholique de Paris, professeur à la faculté de philosophie, retrace depuis le XVIe siècle le mouvement historique de cette perte de foi. A l'heure de la prolifération des fake news et des théories complotistes, notre impuissance à croire laisse place au règne de l'imaginaire. Une «dangereuse crédulité» qu'il nous faut plus que jamais combattre.
En quoi l’épidémie du Covid-19 est-elle révélatrice de la «maladie du croire» qui affecte nos sociétés occidentales aujourd’hui ?
L’histoire nous l’apprend, les esprits se dérèglent parfois. Flottants comme entre ciel et terre, ils sont aujourd’hui plus que jamais désorientés. Face à cette épidémie, je reconnais la forme générale que nos croyances me semblent avoir prise en ce début de siècle : une foi faible et un doute faible. Nous croyons moins que nous ne voulons croire ; et nous sommes moins critiques que paralysés dans nos jugements, qu’on laisse volontiers en suspens. Par le haut, la raison n’est plus la boussole critique qu’elle était il y a peu encore et qui nous prémunissait contre les superstitions de toutes sortes ; par le