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Idées

Marre de remplir des attestations ? Plongez dans «Bulb»

Judith Butler et le sexe au XXIe siècle, Emmanuel Todd et la nouvelle lutte des classes, Hartmut Rosa et la décélération du monde… «Libé» publie Bulb#2, le numéro 2 de sa revue numérique Idées.
Bulb #2
publié le 26 avril 2020 à 17h16

Lisez Bulb#2, le deuxième numéro de la revue Idées de Libération.

La vie des confinés n'est pas seulement peuplée d'attestations. De nouvelles joies qui peuvent virer à la routine sont apparues : jouer à la dînette, préparer des coquillettes, suivre un tuto de zumba. #Restez chez soi, certes, mais le monde continue de tourner, et d'autres le pensent pour nous. Lire Bulb et son nouveau numéro publié ce lundi, c'est interroger un monde qui semble nous échapper.

Le virus a stoppé brutalement nos vies, nous plongeant dans une réalité encore plus connectée. Les nouvelles technologies menacent-elles de nous couper de nous-mêmes, de nos sentiments les plus intimes ? Bulb a interrogé des chercheurs en histoire, en sociologie, en philosophie ou en informatique. Le philosophe Romain Graziani prône une solution radicale : ne rien faire pour réussir, ne pas chercher pour trouver.

Le virus a déréglé notre temps et nos croyances. Celle puissante en un monde calculable et maîtrisable a laissé apparaître l'ossature primaire de nos sociétés : des inégalités sociales qui ne cessaient de croître avant sont violemment mises à nu. «D'un côté, il y a le confinement social des Blancs aisés, analyse le philosophe Paul B. Preciado dans Bulb#2, de l'autre, la contamination forcée des travailleurs pauvres, féminisés et racisés.» Malgré le risque de contamination et l'absence de masques, une partie de la société œuvre pour faire vivre l'autre : soignants, caissières, livreurs, commerçants, personnel du nettoyage… Le bon vieux concept de la lutte des classes ferait-il un grand retour sur la place publique ? «Nous sortons du sociétal et des valeurs identitaires pour retrouver le socio-économique», estime le démographe Emmanuel Todd dans Bulb#2 qui ouvre le débat.

Avec l'acuité de celle qui connaît la fragilité des corps et des existences, la philosophe américaine Judith Butler, mondialement connue pour sa réflexion sur le genre, rappelle dans un entretien exclusif à Bulb une évidence trop souvent oubliée dans l'euphorie moderniste du XXIe : «Il n'y a pas de moyen de devenir invulnérable.» Nous en faisons l'amère expérience. L'homme n'est pas une île autosuffisante. «Nous avons besoin de renforcer les liens sociaux et de concevoir notre appartenance à la société comme une forme d'interdépendance», dit-elle. A l'aune de notre situation actuelle, demandons-nous de quelles obligations nous sommes redevables aux êtres que nous ne connaissons pas, à celles et ceux qui tentent d'échapper à une vie de dénuement, aux demandeurs d'asile, aux sans-papiers, à tous ceux qui prennent soin des contaminés, des malades. «Accepter la précarité de l'existence peut être une alternative politique», dit Butler. Une voix peu entendue dans la réflexion hexagonale sur le monde d'après. Une voix portée par Bulb.

Lisez Bulb#2, le deuxième numéro de la revue Idées de Libération.