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Blog «GreyPride»

L'amour au temps du Corona

Blog GreyPridedossier
De nouvelles pratiques ?
Campagne #REVOLUTIONSENIOR / Crédit: Cédric Matet Raphaël Lucas
publié le 27 avril 2020 à 10h44
(mis à jour le 4 mai 2020 à 13h47)

Distanciation sociale et sexualité : une situation inédite

L’arrivée du monde «sans contact» va-t-il favoriser l’émergence de nouveaux modèles de rencontres sexuelles ?

Une certitude : les «frotteurs» dans les transports en commun sont au chômage technique et la période s’annonce idéale pour les voyeurs et les exhibitionnistes.

Mais que va faire le péquin moyen à la recherche d’une aventure d’un soir ? La peur d’aborder physiquement l’autre va-t-il changer nos comportements ? Nous qui avons appris à trembler, en faisant nos courses, devant un paquet de biscotte, de peur d’être contaminé ; allons-nous nous jeter, comme ça, dans les bras d’un partenaire inconnu ?

A l’époque de l’apparition du VIH de nouvelles pratiques sont apparues, que l’on désignait sous l’acronyme SSR : Sexe Sans Risque.

Les préservatifs sont devenus le meilleur moyen de se protéger, mais de nouveaux types de rencontres ont aussi émergés comme les JackOff Parties. Dans certaines boites gay, il était possible de participer à des rencontres sexuelles très codifiées pour permettre d’avoir des relations sexuelles sans avoir des pratiques à risque.

Dans la période actuelle, confinement oblige, on assiste à une augmentation de la fréquentation des sites porno et sans doute à l’utilisation plus fréquente des sextos. Sur les sites de rencontre, les rencontres physiques semblent avoir beaucoup baissées. Mais demain, après le 11 mai, après cette longue période de confinement qu’en sera-t-il ?

Les jeunes, les couples qui n’auront pas résisté à cette vie confinée, les célibataires et amateurs de rencontres sexuelles n’auront-ils pas envie de sortir de cette longue période d’abstinence ? A l’évidence, la réponse est oui,

Mais comme pour le VIH, on aura sans doute plusieurs types de comportements.

Ceux qui par crainte d’être contaminés par le coronavirus ne continueront que des rencontres virtuelles : de beaux jours pour SexSkype et TouzeTeam.

Ceux qui ignoreront toute consigne de prudence et auront des rapports sexuels comme dans l’ancien temps, en se disant, que le risque n’est pas bien grand.

Et enfin, ceux qui essaieront de minimiser les risques tout en faisant des rencontres. Imaginons les préambules...

«Tu es clean ?» Terminologie en vigueur pour demander à l’autre s’il n’est pas séropositif au VIH qui s’appliquera dorénavant au Coronavirus. Déclaration purement formelle qui ne pourra faire l’objet d’aucunes certitudes, mais faite pour se rassurer.

«On baise, mais j’embrasse pas» Pour signifier à son partenaire que l’on souhaite réduire les risques de contaminations, mais que malgré tout on a très envie d’une partie de jambes en l’air.

«On baise, mais on garde nos masques» Le nouveau préservatif est arrivé !

Pourquoi ne pas imaginer de lieux de rencontres avec passeport d’immunité pour faire des rencontres entre séropositifs au Corona : «Super, pas la peine de prendre de précautions ! Ah si m..., faut tout de même mettre un préservatif.»

Ou faudra-t-il tout simplement se mettre tous en couples sur le long terme ? Comme pour le SIDA, après quelques mois de relation, en utilisant le préservatif comme précaution, on ira faire son test de Corona pour son savoir si on est séro-compatibles et en rentrant on dira :

«- Chéri-e c’est bon, à partir de ce soir on peut enlever les masques !

- Ah non chéri-e ! Garde-le, je suis devenu-e fétichiste !«