Le confinement, une suite logique dans l’histoire de l’humanité ? C’est la thèse à rebours de l’archéologue et historien Jean-Paul Demoule, qui vient de publier une
Préhistoire du confinement
(éd. Gallimard, téléchargeable en ligne dans la collection «Tracts de crise»). Pour le spécialiste de protohistoire et professeur à l’université de Paris-I Sorbonne, l’enfermement du globe pour cause de pandémie de Covid-19 n’est pas l’
«événement considérable»
que l’on voudrait nous faire croire. Bien au contraire, il était écrit depuis des millénaires. Précisément lorsque
Homo sapiens
a tombé l’arc et la machette pour planter des champs et bâtir des villes. Au fil des siècles, la civilisation des chasseurs-cueilleurs a laissé place à celle des télétravailleurs tertiarisés, entassés dans les habitations que nous occupons désormais en continu depuis un mois et demi. Le confinement ne serait donc que l’aboutissement d’un monde sédentaire sur une
«planète finie»,
explique Jean-Paul Demoule. Et ce, malgré l’apparente mobilité de la mondialisation.
Selon vous, l’histoire de l’humanité est celle de son confinement progressif.
L'humanité à l'état de chasseur-cueilleur est essentiellement nomade. Homo sapiens est tributaire des ressources saisonnières. Selon les animaux qu'il chasse, les poissons qu'il pêche et les plantes qu'il cueille, il est rare qu'il reste confiné au même endroit toute l'année. En même temps que des petits groupes d'hommes se forment et restent mobiles à l'intérieur d'un territoire plus ou moins vaste, Homo s