Les antispécistes, qui refusent la supériorité d'Homo sapiens sur les non humains, sont-ils de dangereux «radicalisés» ? Boucheries taguées et vandalisées, blocage des abattoirs, sauvetage d'animaux d'élevage ou de laboratoire… : ces deux dernières années, la médiatisation accrue d'actions plus ou moins controversées contre l'exploitation animale a ressuscité, en France, le débat sur la place de la violence parmi les défenseurs de la cause animale. Mais c'est oublier, selon Jérôme Segal, historien à la Sorbonne et auteur d'Animal radical (éd. Lux), que la question est ancienne et inhérente au mouvement de libération animale dont les prémices remontent au XIXe siècle. En fait, les «végans» - c'est pour le chercheur, lui-même antispéciste, un abus de langage - privilégient le plus souvent la pédagogie pour faire entendre la radicalité de leur thèse, soit la remise en cause de notre rapport de domination séculaire sur les animaux. Et font tout autant face aux divergences de vue et aux dissensions en leur sein.
Qui sont les antispécistes ?
Les militants antispécistes se réclament de courants très variés. Certains viennent de l’écologie, d’autres de l’anarchisme, du socialisme ou simplement du monde des sciences. Les antispécistes pensent cependant tous que l’on doit accorder des droits aux animaux et ils dénoncent le caractère arbitraire des différences de traitement entre les animaux, le fait de protéger les chats et les chiens, d’interdire les violences à leur égard, alors que