Et si c'était la philosophe du moment, en panseuse alerte de notre société éreintée par trois mois d'épidémie ? Celle qui, finalement, parmi la cohorte d'intellectuels appelés à la rescousse, trouve les mots réparateurs pour tirer des enseignements d'une crise sanitaire aussi inédite que douloureuse pour nos démocraties covidées ? Une chose est sûre : Cynthia Fleury, 46 ans, est au rendez-vous. Pour penser les temps pandémiques et esquisser «le monde d'après». Ainsi, à l'invitation de Télérama, elle a tout le long de ces 55 jours du confinement méticuleusement tenu un journal participant à l'«écriture collective de l'événement». A cela s'ajoute, à la demande de son éditeur Gallimard, un texte bref, Répétition générale, sorte d'appel à la «vigilance» sur la «fragilité intrinsèque de l'Etat social». Sans compter les innombrables interventions médiatiques. «En philosophie, la position la plus juste serait de demander un temps de réflexion, soutient depuis son appartement parisien la métaphysicienne. Mais avec cette crise, il y a une demande, donc j'y réponds dans la mesure du possible.»
Distanciation sociale oblige, Cynthia Fleury a proposé un télé- entretien. Sur l'écran, elle apparaît avec son habituelle queue-de-cheval, les traits imperceptiblement tirés. En fond, une bibliothèque déborde - on la devine à moitié - d'ouvrages de sciences humaines et sociales ; livres qui s'empilent aussi sur un bureau dés