Celui dont la mort a déclenché une vague mondiale de protestations contre les violences policières a été enterré ce mardi aux Etats-Unis. Partout dans le monde et en France, des hommages ont été rendus à George Floyd. Pour Maboula Soumahoro, maîtresse de conférences à l'université de Tours et auteure de le Triangle et l'Hexagone. Réflexions sur une identité noire (la Découverte), cette contestation mondiale marque aussi l'engagement de nouvelles générations qui vont «se montrer moins patientes» sur la question du racisme.
Vous travaillez sur la question du racisme depuis longtemps. Avez-vous l’impression que nous traversons un moment particulier ?
Je pense que nous sommes à un moment charnière. Le moment clé en France, ça a été les manifestations contre les violences policières du 2 juin, à l’appel du collectif Vérité pour Adama Traoré. Ces mobilisations ont montré la dimension politique de la lutte contre le racisme et l’importance du rapport de force. Si autant de personnes ne s’étaient pas réunies ce jour-là, on n’en parlerait toujours pas. Ignorer ces questions devient concrètement, physiquement impossible.
On ne peut plus non plus se limiter au débat intellectuel : des corps ont investi l’espace public. Je pense qu’il y a un enjeu de restructuration plus profond. J’ai envie d’interroger la France dans son ensemble sur sa définition du racisme. Comment forme-t-on les personnes qui œuvrent au sein des institutions sur cette