Repenser la mondialisation, investir massivement dans la transition écologique, relocaliser la production industrielle ou agricole, remettre à leur place les activités les plus utiles à la société… Au fil des discours, beaucoup promettent que rien ne sera plus jamais comme avant. Est-ce si sûr ? Pour préparer le monde d'après, Libération invite des intellectuels à débusquer les «fausses bonnes idées» et à identifier les actions prioritaires pour que les belles promesses ne soient pas vaines.
Lire nos neuf interviews :
Pour l’économiste keynésien François Morin, conseiller du gouvernement lors des nationalisations de 1981, il vaut mieux mettre en place une démocratie économique radicale. Avec des rapports plus égalitaires entre salariés et actionnaires (ou l’Etat).
Par Thibaut Sardier, publié le 5 mai 2020
Selon l’ingénieur agronome, spécialiste de la transition écologique, après la crise du Covid-19, il faudra se doter de nouveaux outils institutionnels qui favorisent les formes d’entraide spontanée, plutôt que l’esprit de compétition qui les caractérise aujourd’hui, à l’image de notre système économique.
Par Nicolas Celnik, publié le 10 mai 2020
Pour la philosophe politique, la crise du Covid-19 peut profiter aux populistes de droite et à leurs solutions simplistes et xénophobes. Elle appelle la gauche à construire des débouchés égalitaires et écologiques aux demandes de protection des classes populaires.
Par Simon Blin, publié le 17 mai 2020
Pour l’économiste social-libéral, qui a inspiré Emmanuel Macron en 2017, l’Etat français doit cesser d’infantiliser la population dans sa gestion de l’épidémie. Selon lui, l’après-crise doit passer par plus d’innovation technologique mais aussi sociale et institutionnelle, et par plus de décentralisation et de déconcentration du pouvoir.
Par Simon Blin, publié le 26 mai 2020
Si la crise du Covid-19 bouleverse nos hiérarchies de valeurs, les diverses mesures prises pendant cette pandémie ne promeuvent-elles pas un agenda néolibéral ? Selon la philosophe, la société du sans-contact et la dématérialisation des activités favorisent la dissolution du collectif et l’étouffement des luttes sociales, qu’il importe de poursuivre après la crise.
Par Simon Blin, publié le 28 mai 2020
Selon l’historienne des sciences, les sociétés civiles doivent faire pression sur les gouvernants pour qu’ils s’engagent enfin sur de vrais programmes de transition écologique. Ce serait le moyen de réduire le «schisme de réalité», ce hiatus entre des négociations onusiennes policées et consensuelles, au point mort, et la réalité brutale du monde. L’Europe est sûrement la mieux placée pour s’engager dans cette voie.
Par Nicolas Celnik, publié le 2 juin 2020
Depuis le début de l’épidémie, les femmes travaillent encore plus qu’avant alors que les hommes sont plus disponibles. Des inégalités de genre qui ne peuvent plus s’expliquer autrement que par la domination masculine, juge la philosophe féministe.
Par Cécile Daumas, le 4 juin 2020
Longtemps masquée derrière des amortisseurs sociaux et sanitaires, la sensation de vulnérabilité n’était plus éprouvée que par les classes les plus précaires de la société. La crise du coronavirus a fait resurgir cette angoisse chez tout le monde, explique la philosophe, en même temps qu’elle a exposé et exacerbé les inégalités.
Par Anastasia Vécrin, publié le 7 juin 2020
Pour la sociologue, la distanciation due à la crise sanitaire induit «une vigilance permanente» contraire à la nature même des relations humaines. Un isolement renforcé par le travail à domicile qui donne l’illusion de la liberté. Cette privatisation des activités ne va pas dans le sens de la démocratie.
Par Simon Blin, publié le 9 juin 2020