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Interview

«Dire qu'on peut compenser les dégâts de la mondialisation par le local est un discours malhonnête»

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Pour Aurélien Bernier, spécialiste des politiques environnementales, l'engouement pour le local qui touche tous les partis dans le contexte post-Covid, est le signe d'une incapacité à penser des alternatives concrètes à la mondialisation.
Mouans-Sartoux, le 9 décembre 2017. Agriculteur dans le tunnel des batavias et persil du Domaine Haute Combe qui fait partie des six hectares qui sont entretenus par trois employés de la commune pour approvisionner la cantine scolaire bio. (Laurent CARRE/Photo Laurent Carré pour Libération)
publié le 24 juin 2020 à 7h52

L'heure est au local : quand la gauche parle de municipalisme ou de biorégionalisme, la République en marche vante les vertus de régions plus autonomes, et l'extrême droite a fait du localisme son cheval de bataille. Une tendance à survaloriser l'action locale dont nous incite à nous méfier Aurélien Bernier, spécialiste des politiques environnementales et militant, dans l'Illusion localiste, l'arnaque de la décentralisation dans un monde localisé (Utopia, 2020). Selon lui, l'engouement pour l'échelle locale masque surtout un désengagement de l'Etat, et une incapacité à penser des alternatives concrètes à la mondialisation.

Municipalisme, localisme, régions plus autonomes : comment expliquer l’intérêt actuel pour l’échelle locale ?

Avant la crise sanitaire, beaucoup de personnes évoquaient déjà le local comme source de résilience face aux crises que nous allions traverser – économique ou climatique. Ce discours s’est renforcé pendant le confinement : c’est d’une part parce que l’Etat a été en dessous de tout dans la gestion de la crise, et d’autre part parce qu’on a vu l’importance des circuits courts et des approvisionnements locaux e