Je pense à toutes ces personnes âgées mortes dans une solitude extrême, mortes sans identité car désignées simplement comme VIEUX. Tous ces hommes et femmes invisibles, inconnus, isolés, disparus, puis oubliés.
Ce n'est pas tant la mort qui est scandaleuse que les conditions dans laquelle on la vit ! Cet épisode a montré la cruauté d'un système qui ne sait pas comment gérer le risque pour des personnes en perte d'autonomie, mais dont certaines d'entre elles avaient toute leur capacité en terme de discernement. Des personnes que l'on a oubliées puisque déjà à l'écart de la société et du monde médical. Des personnes que l'on a soumises à un isolement proche de conditions carcérales. Des personnes à qui on n'a pas donné l'accompagnement tellement nécessaire en fin de vie.
Les vieux et les morts n’ont ils plus d’identité ? Nous savons à quel point en vieillissant, dans le regard des autres, nous devenons des objets de soins et non plus des hommes et des femmes avec son histoire, son orientation sexuelle, son identité de genre, sa culture… Nous savons à quel point les vieux LGBT+ souffrent encore plus que les autres d’isolement, de précarité et vivent dans la crainte d’être discriminé-e-s, oublié-e-s par les membres de leur communauté.
Le monde de demain ne peut pas être le monde d’hier concernant les services et l’accueil des personnes âgées. Nous avons la responsabilité collective de définir un nouvel accompagnement des vieux sans éluder les limites des ressources qui ne doivent pas être prélevées sur les jeunes générations.
Comme pour le système de santé, il est possible de mettre en place une autre organisation qui privilégie la qualité de vie et qui ne définit pas comme seul critère de progrès la longévité : un habitat alternatif à taille humaine, des services coordonnés, la généralisation de lieux affinitaires pour essaimer les nécessaire solidarités entre personnes qui souhaitent vieillir ensemble..
La maltraitance des dispositifs actuels à comme origine la désignation des VIEUX comme une catégorie à part, objets de soin sans identité. Ce regard de la société sur le grand âge nous a conduit à mettre en place des structures dans lesquelles la plupart d’entre nous ne voulons pas aller.
90% des morts du Coronavirus avaient plus de 60 ans. Qu’ils ne soient pas morts en vain ; qu’ils nous permettent de repenser l’accueil des vieux en France.
Et pour les marches des fiertés, n’oublions pas ces 2 000 morts LGBT+ inconnu-e-s qui n’auront même pas droit à être honoré-e-s dans leur mémoire par un patchwork des noms.