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Analyse

La «cancel culture» est-elle une nouvelle censure ?

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Venue des sphères militantes de la gauche américaine, la pratique consiste à boycotter, voire à réduire au silence une personnalité auteure de propos ou de gestes jugés racistes, sexistes… Quitte à mettre le débat public en danger ?
La publication de cette lettre intervient alors que J.K. Rowling a vivement été critiquée en juin pour avoir écrit une série de publications sur les réseaux sociaux qualifiés de «transphobe». (Photo Bennett Raglin. AFP)
publié le 10 juillet 2020 à 9h18

Le nouvel activisme contre les discriminations confine-t-il à la censure ? C'est ce qu'a affirmé un collectif de 150 figures issues du monde universitaire, de la culture et des médias dans une tribune parue mardi dans le mensuel américain Harper's et traduite par le Monde. Les auteurs y dénoncent la montée de «l'intolérance à l'égard des opinions divergentes» chez des militants engagés «en faveur de la justice raciale et sociale».

«L'échange libre des informations et des idées, qui est le moteur même des sociétés libérales, devient chaque jour plus limité, écrivent des personnalités telles que l'essayiste et militante féministe américaine Gloria Steinem, l'historien des idées et pourfendeur de la gauche radicale américaine Mark Lilla, l'écrivain algérien Kamel Daoud ou la créatrice de Harry Potter, J.K. Rowling. La censure, que l'on s'attendait plutôt à voir surgir du côté de la droite radicale, se répand largement aussi dans notre culture : intolérance à l'égard des opinions divergentes, goût pour l'humiliation publique et l'ostracisme.» Le débat d'idées serait-il mis en danger par quelques minorités radicales incapables d'accepter la moi