La nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur n’a pas manqué de susciter les réactions indignées des mouvements féministes à cause des accusations de viol dont il fait l’objet. Dans ces moments là, à chaque fois qu’un ministre est accusé de viol ou de harcèlement sexuel, le gouvernement envoie Marlène Schiappa (qui n’a pas de leçon de féminisme à recevoir dit elle) à la rescousse pour défendre leur présomption d’innocence. On se souvient déjà en 2018 de sa défense de Nicolas Hulot suite à des accusations similaires.
Pour se défendre, monsieur Darmanin explique qu’il avait été sollicité par la plaignante, Sophie Patterson-Spatz, lorsqu’il était chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP, pour faire annuler une sanction interne au parti. C’est dans ce contexte qu’il y aurait eu «échange de bons procédés» et que madame Patterson-Spatz aurait accepté d’avoir une relation sexuelle avec lui, «librement consentie», selon lui.
Or, depuis le 13 avril 2016, la loi stipule que:
« Art. 611-1.-Le fait de solliciter, d'accepter ou d'obtenir des relations de nature sexuelle d'une personne qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, en échange d'une rémunération, d'une promesse de rémunération, de la fourniture d'un avantage en nature ou de la promesse d'un tel avantage est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe.«
Si on s’en tient à la version de Gérald Darmanin, il serait donc toujours en infraction au regard de la loi (si les faits avaient eu lieu après 2016 et non 2009), mais pour des faits beaucoup moins graves que le viol, à savoir l’obtention d’un service sexuel en échange de la «fourniture d’un avantage en nature ou de la promesse d’un tel avantage».
Certaines personnes assimilant toute forme de «prostitution» au viol pourront dire que c’est du pareil au même. Les travailleurSEs du sexe en revanche font une distinction très nette entre un rapport sexuel consenti dans le cadre d’une relation de travail, et un viol. Si le ministre de l’Intérieur pense aussi qu’un échange économico-sexuel entre deux adultes consentants ne relève pas (nécessairement) de la violence, il devrait en tirer des conclusions et faire abroger l’article de la loi de 2016 pénalisant l’achat de services sexuels.
Est ce à dire qu’un client n’est jamais un violeur? Tout comme l’amalgame entre tous les clients et les violeurs est préjudiciable, on ne peut pas non plus faire le procédé inverse et tous les innocenter du moment qu’ils sont clients. C’est la question du consentement qui devrait rester centrale pour définir la violence et non la nature de l’échange sexuel. A partir du moment où Sophie Patterson-Spatz dit avoir été contrainte d’avoir un rapport sexuel, peu importe le contexte au final.