L'artilleur André Jaffré est un miraculé. Quand le Bretagne a chaviré, il aurait dû se noyer comme ses camarades. Mais une incroyable chance l'a sauvé du cuirassé changé en cercueil flottant. Ainsi il a pu raconter, au plus près, cette histoire de feu, de mort et de tragique ironie : le drame de Mers-el-Kébir, en Algérie.
Au matin du 3 juillet 1940, une semaine après l’armistice, à bord de la flotte française amarrée près d’Oran, le bruit court soudain que les Anglais sont au large. Les marins français éclatent en acclamations : les deux marines, la première au monde et la quatrième, allaient donc s’unir pour combattre Hitler. Hourra ! Puis, au fil des heures, tout tourne bizarrement. Jaffré est appelé à son poste de combat. Ecrasé de chaleur sous un soleil cruel, il voit des vedettes rapides entrer dans le port, puis en sortir, il entend des bribes de conversation où il est question d’ultimatum, de négociations, de concessions et de refus.
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Puis, peu avant 17 heures, une énorme salve résonne sur la mer, comme un violent orage à l’horizon. Les obus sifflent au-dessus de la jetée et soulèvent des geysers géants dans l’eau du port. Puis les premiers navires sont touchés, ils se couvrent de flammes et de fumée, les équipages courent en tous sens, les blessés crient, les ordres fusent, le mazout prend feu et se répand a