Accoucher, revivre, changer de vie, refaire sa vie amoureuse ou professionnelle ? Cet été, Libération explore ces aurores de la vie, moments charnières pendant lesquels les individus naissent, donnent naissance ou renaissent à eux-mêmes. Quel qu’il soit, l’acte comporte une puissance régénératrice et dérangeante.
«Etre libre, ce n'est pas être soi-même. C'est n'être rien. C'est devenir, sans cesse et toujours», selon l'écrivain de science-fiction Alain Damasio. Certes, mais devenir quoi ? La question nous a tous traversé l'esprit un jour ou l'autre : changer de vie, et pourquoi pas… Au point que l'idée de tout plaquer est devenue une nouvelle mythologie contemporaine, un horizon qui le restera pour tous ceux qui se contentent de le fantasmer. La sociologue Sophie Denave a mené l'enquête, en 2015, pour savoir ce qui motivait, et ce qui permettait, les bifurcations radicales dans un parcours biographique. En interrogeant 44 personnes, de milieux sociaux, niveaux d'études, genres et âges différents, elle a découvert notamment que l'on peut avoir changé de condition, de manière d'être et de penser, sans avoir l'impression que sa vie avait réellement évolué ; mais aussi qu'il y a des inégalités profondes face à la possibilité même de changer de vie, selon que l'on dispose ou non d'un filet de secours au cas où le changement se passerait mal.
Le confinement a été l’occasion d’adopter un nouveau regard sur notre quotidien, et de se demander si nous étions satisfaits de notre existence. Pensez-vous qu’il va nous inciter à changer de vie ?
Je n’ai pas étudié précisément les effets du confinement, mais on peut en effet imaginer qu’il pou