Quelque soit l’époque, faire avancer des idées et faire évoluer les mentalités prend du temps et ce n’est pas en se hurlant dessus que l’on ira plus vite...
Tout au long de ma vie, j’ai vu émerger des revendications qui ont permis de construire peu à peu une société plus respectueuse quelque soit notre sexe, notre culture, notre religion, notre orientation sexuelle... Cette lente progression des idées a permis à des minorités méprisées pour leur couleur, leur orientation sexuelle, leur sexe, leur culture de peu à peu faire leur place pour vivre plus sereinement.
Si tout est loin d’être parfait, et si même de nouveaux types d’inégalités et d’exclusion sont apparues, il semble de plus en plus difficile de discuter et d’échanger sur nos idées nos opinions sans utiliser la violence et l’invective.
La radicalisation des discours et des comportements pour faire avancer des causes ne laisse plus de place au respect et à une empathie pour celui ou celle à qui nous nous adressons.
Cette crise sanitaire a encore accentué cette tendance en encourageant le clivage entre de nouvelles catégories de population : jeunes contre vieux, citadins contre ruraux, pro et anti-masques, pro et anti-vaccins, pro et anti Raoult...
Notre société est face à des enjeux terribles : une crise économique majeure, un déséquilibre des puissances planétaires, la montée des intégrismes religieux et des enjeux environnementaux qui vont mettre à mal nos sociétés et plus particulièrement les plus vulnérables d’entre nous. Répondre à ces enjeux nécessitera de mobiliser toutes nos forces et de trouver une cohésion pour être capable de solidarité. Hélas, nous n’en prenons pas le chemin...
Pour la première fois de ma vie, j’ai le sentiment que tout le monde peut devenir une cible de l’injustice vécue par certains. Pas en raison d’actes répréhensibles, mais seulement à cause de son appartenance à une catégorie d’individus : blanc, noir, mâle, hétéro, gay, musulman, juif, catholique, jeune, vieux...
La relecture du passé au regard de nos idées actuelles génère des autodafés, des actes de foi, autour desquels les foules se déchainent.
Cette radicalité des discours fait monter peu à peu un sentiment de haine au sein de la population et met à mal le lien social pour pouvoir vivre ensemble.
Aux USA, le clivage est tel, entre pro et anti-Trump, que l’on met en doute les fondements démocratiques que sont les prochaines élections pour choisir le prochain président.
La dénonciation de certains comportements devrait pouvoir se faire de façon plus apaisée et dans l’idée que personne n’est parfait, mais doit pouvoir évoluer, s’amender ou-bien être condamné par la justice. Notre souci de vivre dans une société plus respectueuse, plus solidaire, ne peut se faire dans une société dans laquelle l’invective, la dénonciation et la violence verbale sont les moyens de communication privilégiés.
A trop stigmatiser, chacun se mure dans ses certitudes et la violence monte...