J'écris dans un double tremblement.
Celui de la mort, celui de la littérature ; ce qui revient au même.
Qu'est-ce que la littérature dans toute son histoire et son achèvement sinon l'hommage rendu aux morts ? Aux morts, au mort ou à la morte ?
Rien.
Des morts. Des mots.
Des mots pleurés articulés devant une tombe fraîchement creusée ou sur laquelle on n'est allé de longue date ; des mots dits ou écrits, des mots qu'on peine à dire ou à lire tant le chagrin accompagne les morts.
Les mots sont la mort autant que la vie qu'on voudrait voir continuer : une compromission, une passion, une confidence, une complaisance, un amour ; une vie qui continue.
Libération me demande un texte sur le texte de Marguerite Duras écrit à propos de Christine V., Sublime, forcément sublime, l'affaire de la Vologne en son 273e jour.
Jamais Duras ne nommera l'enfant mort. L'enfant mort sera toujours «l'enfant». L'enfant, c'est en latin celui qui ne parle pas. L'enfant ne parlera donc jamais. Il ne sera même jamais nommé.
Qu'écrire sur les mythes, sur ce mythe ?
Duras arrive à Lépanges-sur-Vologne et ne voit même pas cette Christine V. qu'elle rêvait de voir : juste un visage, son visage. Le visage de la mère qu'elle n'a même pas aperçue.
Duras arrive et doit écrire sur l'affaire ; elle peine, hésite, manque de ne pas rendre l'article à Serge J. Finalement, elle l'écrit en une nuit. Serge J. se fend d'un édito disant que : «Oui, ce te
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Quand Marguerite Duras sublime l’affaire Grégory
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Le 18 octobre 1984, le juge Jean-Michel Lambert (4e à droite) et les gendarmes sur les lieux où le corps du petit Grégory, âgé de 4 ans, a été retrouvé. (Photo AFP)
par Joseph Ponthus, écrivain
publié le 4 août 2020 à 18h31
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