Guillaume Seznec, innocent ? Cette question simple a créé une affaire judiciaire compliquée, durant près d’un siècle. Pourtant, lorsqu’il fut condamné au bagne à perpétuité en 1924 pour le meurtre de Pierre Quéméneur, rien ne laissait attendre tant de débats, et quatorze demandes de révision. L’histoire semblait même claire : le 25 mai 1923, les deux hommes régulièrement associés en affaires - Quéméneur est négociant en bois à Landerneau et conseiller général d’un canton du Finistère, Seznec est maître de scierie à Morlaix - se rendent de Bretagne à Paris au volant d’une Cadillac qu’ils comptent céder à un acheteur. Au cours du voyage, à Dreux ou à Houdan, ils se séparent. D’après Seznec, Quéméneur prend un train pour Paris, mais il disparaît. On ne retrouvera jamais son corps.
S'il soutient qu'il n'a pas revu son comparse après la séparation, de nombreux éléments semblent confondre Seznec. On retrouve deux promesses de vente relatives à l'achat par Seznec d'une vaste propriété de Quéméneur, à Plourivo (Côtes-d'Armor). Ils constituent un bon mobile pour le crime : prévoyant une somme largement en dessous du marché, les documents tapés à la machine semblent avoir été écrits à la va-vite. Des témoins certifient avoir vendu à l'accusé une machine à écrire au Havre peu après la disparition de Quéméneur. D'autres affirment l'avoir vu dans une banque à Paris le 2 juin tenter de retirer de l'argent à la place du disparu. Sans oublier la tentative de susciter de faux témoignages pend