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TRIBUNE

Liban, les racines de la colère

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Explosions à Beyrouth: la colère des Libanaisdossier
Le système politique fondé sur l’appartenance communautaire qui avait survécu à tant de crises et tant de guerres s’écroulait déjà avant l’épouvantable explosion sur le port de Beyrouth.
Sur la place des Martyrs, à Beyrouth, samedi. (Balkis Press/Photo Ammar Abd Rabbo pour Libération)
publié le 9 août 2020 à 13h07
(mis à jour le 9 août 2020 à 14h33)

Le premier choc passé, une rage invraisemblable a saisi les Libanais, une colère homérique devant l'incurie, la corruption, la négligence criminelle de «responsables» dont le comportement a conduit à la destruction de la moitié de Beyrouth. Rien ne les console, rien ne les apaise, ils pourraient étrangler ceux qui les gouvernent de leurs propres mains. La plutôt raisonnable Fifi Abou Dib, éditorialiste du quotidien francophone l'Orient-le Jour, demande «que les foules excédées préparent déjà les potences», le blogueur Samer Frangié suggère «que l'on ramasse les débris de verre qui jonchent les chaussées et qu'on les garde de côté pour, le jour venu, les jeter dans les tombes des responsables». Un autre, devant les centaines de milliers de Beyrouthins jetés à la rue, propose d'«attaquer les palaces déserts des gouvernants pour les traîner hors de leurs lits. C'est seulement alors qu'on pourra parler de révolution» ; et l'écrivain Elias Khoury écrit : «Nous vous confronterons avec nos corps en feu, nos visages ensanglantés et vous vous noierez avec nous dans ces ruines.» Quant au journaliste Antoine Courban, légèrement blessé par l'explosion, sa fureur est telle qu'il n'a pas trouvé mieux que de poster sur Facebook, sans autre commentaire, un interminable chapelet d'injures… et la langue arabe en connaît qui remplissent la bouche autrement mieux que celles dites en français ou en allemand.

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