C'est le genre de magazine que l'on achète sans préméditation, par curiosité. Ou inversement, avec un plaisir coupable et délibéré. Car contrairement aux apparences, il y a une certaine jouissance à lire les articles du Nouveau Détective, véritables exercices de style mêlant calembours, sens de l'emphase et usage truculent de l'épithète. Comme dans cet article du numéro 1 970 paru en juin, qui raconte la mésaventure d'un ancien acteur porno espagnol au «sexe format gourdin que lui a offert dame nature». Reconverti en chaman, il tue malgré lui un photographe venu participer à un rite. Le pauvre homme fume les sécrétions d'un crapaud toxique et meurt sur le coup. «Comme quoi, on peut être un grand "destructeur de culs" et un piètre chaman», conclut l'article après avoir précisé que l'acteur, poursuivi pour homicide involontaire, a tout avoué en garde à vue.
Les lecteurs exigeants, ceux qui ne mangent pas de ce pain-là, se désolent du caractère putassier de l’hebdomadaire, et regrettent les grands débuts de cette publication aux illustres fondateurs. Dans les années 20, ce sont Gaston Gallimard et les frères Joseph et Georges Kessel qui lancent ce projet, moins portés par des ambitions littéraires (au total, la place de la fiction dans le magazine ne sera pas très importante) que par l’espoir de créer une publication lucrative.
Une du 27 septembre 1934, avec le «journal» de Violette Nozière. Photo J. Kessel Coll.
Ils se tournent vers Henri La B