Meurtres, affaires de mœurs… Les faits divers passionnent aussi les universitaires et les intellectuels, parce qu’ils en disent long sur l’état d’esprit d’une société. Pourquoi Duras a-t-elle écrit sur l’affaire Grégory ? Pourquoi l’affaire Seznec passionne-t-elle encore ? Quel lien entre l’affaire des époux Bac et le Planning familial ?
L’affaire est demeurée célèbre sous le nom de «Crime du métro». C’était en effet la première fois qu’un assassinat était commis dans le métro parisien. Et quel assassinat ! Demeuré inexpliqué, aux ressorts obscurs, aux relents et implications politiques nauséabonds.
Le dimanche 16 mai 1937, à 18 h 30, une jeune femme monte dans le métro Porte-de-Charenton. A la station suivante, Porte dorée, les voyageurs qui entrent dans le wagon la voient s’écrouler dans une flaque de sang, un couteau planté dans la nuque. Personne auprès d’elle, personne descendu Porte dorée, la voiture vide, tout cela ressemble à un incroyable roman policier. La police, qui arrive peu après sur les lieux, identifie facilement la victime : Lætitia Marie-Joséphine Toureaux, 29 ans, née dans une petite commune italienne du Val d’Aoste. Elle venait de passer ce dimanche après-midi avec son frère et des amis à l’Ermitage, une guinguette des bords de la Marne, juste en face de l’île de Charentonneau.
A 18 heures, elle quitte précipitamment les lieux et prend le bus qui la ramène à Paris. Le conducteur se souvient de cette jeune femme, joliment vêtue, mais qu’il a