C'est un problème classique de cohabitation : prendre ses distances avec un voisin de palier que l'on trouve un peu «ours», voire carrément sauvage. Et si c'était littéralement le cas ? C'est l'expérience de pensée à laquelle nous invite Joëlle Zask dans Zoocities. De l'essaim d'abeilles qui surgit du jour au lendemain dans un jardin de centre-ville aux renards qui peuplent parcs et cimetières - sans oublier la palanquée de canards et de sangliers venue se balader dans les villes confinées - la philosophe montre que les animaux sauvages sont durablement présents dans les villes. Plutôt que d'espérer les chasser, il devient urgent de réfléchir à nos relations urbaines avec eux. En proposant d'en faire des voisins avec lesquels il nous faut coexister en aménageant différemment nos villes, Joëlle Zask poursuit sa réflexion sur les liens entre démocratie et écologie, ainsi que sur notre rapport à la nature.
Vous évoquez dans votre livre les vidéos virales d’animaux sauvages divaguant dans les rues désertes de nos cités en plein confinement. Pourquoi sont-elles si fascinantes ?
Comme tout le monde, j’ai été émerveillée, comme si ces animaux avaient soudain ouvert en grand les portes de la ville sur de nouvelles perspectives. Ce fut pourtant une expérience paradoxale. Au moment même où nous nous réjouissions de cette liberté animale dont nous étions privés, et réalisions par contraste à quel point la vie urbaine nous prive de nature, nous apprenions que le virus qui nous tenait enfermé était