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Interview

Gérôme Truc : «On se sent d’autant plus touché par un attentat que ceux qu’il frappe nous ressemblent»

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Attentats de «Charlie Hebdo» et de l’Hyper Cacher : un procès hors normedossier
Le procès des attaques de janvier 2015 s’ouvre mercredi. Pour le sociologue, spécialiste de l’impact social du terrorisme, ce temps judiciaire contribue à un apaisement de la mémoire collective. Tous les Français n’ont pas eu le même vécu et ressenti de l’événement.
Dans le XIe arrondissement de Paris, le 14 novembre 2015, au lendemain des attentats. Lors de l’attaque du Bataclan, ce sont des comportements d’entraide qui ont prévalu. (Photo Edouard Caupeil)
publié le 30 août 2020 à 17h26

Mercredi débute à Paris le procès des attentats de janvier 2015 qui ont ciblé Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. Les chercheurs en sciences sociales étudient depuis cinq ans l'impact de l'événement sur la société française. Il n'y a pas eu un vécu unique des attentats : les Français se sont sentis plus ou moins touchés en fonction de leur proximité sociologique avec les victimes. La xénophobie n'a pas augmenté après les attentats, probablement grâce à un discours politique qui visait plus à unir qu'à diviser. Sociologue au CNRS, auteur en 2016 de Sidérations, une sociologie des attentats (1), Gérôme Truc est un des tout premiers chercheurs à avoir étudié l'impact social de cet événement. Il coordonne deux livres à paraître en octobre et espère que ce savoir universitaire sera le garant d'un «sang froid collectif». Pour le chercheur, comprendre les réactions individuelles et les clivages sociaux qui se jouent permet d'éviter les réponses excluantes, qui favoriseraient un sentiment de discrimination.

Quelle a été l’onde de choc des attentats terroristes de 2015 sur la société française ?

Il existe différents rapports aux attentats : tous les Français ne les ont pas vécus comme un événement traumatique. Certains ont été très touchés, d’autres l’ont vécu de plus loin, ont pu trouver qu’on en parlait trop, etc. Des clivages sociaux se jouent autour d’eux. Les plus diplômés, les hauts revenus, et les jeunes aussi, se disent dans l’ensemble plus marqués par les attentats du 13 Novembre. Cela tient en partie au profil sociologique des victimes : on se sen