Dans les années 50, les jazzmen afro-américains du courant hard bop effectuent un retour aux sources et notamment aux musiques africaines, en réaction au cool jazz, qui constitue une réappropriation de leur musique. En parallèle des mouvement sociaux en faveurs des droits civiques aux Etats-Unis, se développe au sein de la population noire, une prise de conscience panafricaine et de l'apport d'une culture ancestrale commune qui influence les musiciens, les artistes, les intellectuels, les sportifs et les politiques. Le slogan « Black is beautiful » témoigne de ce retournement de stigmate et de ce retour aux origines.
Le très surprenant quatuor Electric Vocuhila, renoue avec cette vieille tradition en revisitant des rythmes contemporains africains tels que le sungura et le tsapiky malgache ou le sébène congolais, dans une conception orchestrale inspirée par le jazz et la musique d'Ornette Coleman. Leur troisième album Palaces construit autour d'une base rythmique obstinée mais toujours mouvante, tour à tour hypnotique et frénétique, évolue librement autour de motifs répétitifs. Recherchant à la fois la concision mélodique et une forme de débordement ou de transe, le quartet développe de longues séquences faites de thèmes fulgurants, de phrasés sinueux, de riffs acérés et explosifs.
Et comme l'écrivait si bien le journaliste Roger Vaillant : « Á l'heure du quadrille, il ne s'agit presque plus d'une danse, mais d'une sorte de cérémonie rituelle, d'orgie sacrée, où tous les peuples communient dans la fureur qui règne dans les pays du Sud ». L'ambiance électrique, libre, fiévreuse et festive d'Electric Vocuhila nous renvoie parfois au souvenir du bal nègre, cette salle mythique devenue club de jazz parisien, fréquenté par des antillais et des africains, qui connut ses heures de gloire dans les années folles, après la seconde guerre mondiale.
Electric Vocuhila présentera au public son nouvel album «Palaces», le mardi 8 septembre 2020 à 20h30 sur la scène du Studio de l'Ermitage. Le groupe est composé de Maxime Bobo (saxophone alto, claviers et composition), Boris Rosenfeld (guitare), François Rosenfeld (basse et guitare) et Etienne Ziemniak (batterie).
Electric Vocuhila, Palaces (Capsul Records / L’Autre Distribution)