Tribune. Le 25 août, Bahey Eddine Hassan, éminent défenseur des droits de l'homme égyptien et directeur de l'Institut du Caire pour les études sur les droits de l'homme (CIHRS) était condamné par contumace à une peine de quinze ans de prison par une cour spécialisée dans les affaires de terrorisme.
Ce jugement s'ajoute au gel de ses avoirs bancaires, à la fermeture du centre d'études et à une condamnation par contumace le 19 septembre 2019 à trois ans de prison et 20 000 livres d'amende pour «outrages à la justice». Régulièrement, Bahey Eddine Hassan fait l'objet de campagnes de diffamation et de menaces de mort de la part de journaux et de chaînes de télévision proches des autorités.
Bahey Eddine Hassan est l’un des fondateurs du mouvement égyptien des droits de l’homme dans les années 80. En 1988, il a été élu secrétaire général de l’Organisation égyptienne pour les droits de l’homme (EOHR), avant de cofonder en 1993 l’Institut du Caire pour les études sur les droits de l’homme (CIHRS) qui a reçu le prix de la République française pour les droits de l’homme en décembre 2007. En 2004, il a rejoint le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) mais a démissionné en 2007 invoquant le manque d’indépendance du CNDH. En 2014, après avoir reçu des menaces de mort en raison de son action en faveur des droits de l’homme, Hassan a dû quitter l’Egypte et vit actuellement en exil. Hassan est également journaliste, conférencier, auteur et éditeur de plusieurs articles, documents et livres publiés sur les droits de l’homme et la transformation démocratique dans la région arabe. En 1993, il a reçu le prix annuel pour les défenseurs des droits de l’homme de Human Rights Watch.
Depuis maintenant plusieurs années, le centre a dû cesser ses activités en Egypte et les poursuivre à l’extérieur du pays. Depuis des années, et pour certains d’entre nous depuis des décennies, nous avons suivi le combat pacifique de Bahey pour les droits de l’homme en Egypte et dans les autres pays de la région et admiré son engagement total pour la justice, le respect des droits fondamentaux, l’égalité hommes-femmes et la fraternité entre les peuples.
A toutes nos rencontres avec lui, scientifiques ou militantes, nous avons pu constater son sens du dialogue, sa capacité d’écoute et sa disponibilité pour l’échange. Nous lui réitérons par cet appel notre amitié, notre admiration et notre solidarité.
Nous nous joignons à toutes les voix qui demandent la fin de l’oppression, de la torture, des procès iniques et de la répression de toute voix dissidente. Liberté pour le peuple égyptien.
Parmi les signataires : Bochra Belhaj Hamida, ancienne députée, présidente de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe), Tunisie, Fadhel Mahfoudh, ancien ministre des Droits de l'Homme, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats, Prix Nobel de la paix 2015, Tunisie, Morten Kjaerum, ancien directeur de l'Agence des droits fondamentaux de l'UE, Danemark, Houria Esslami, ancienne présidente du Groupe de travail des Nations unies pour les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI), Maroc, Jeffrey Feltman, ancien sous-secrétaire général des Nations unies pour les affaires politiques et ancien sous-secrétaire d'État américain pour les affaires du Proche-Orient, États-Unis, Andrew Gilmour, ancien sous-secrétaire général des Nations unies, Royaume-Uni, Mahmoud Hussein, écrivain, France-Egypte, Juan Mendez, ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Argentine, Alice Mogwe, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), Botswana, Wilder Tayler, président de l'Institution nationale des droits de l'Homme et du bureau du médiateur, Uruguay, Jose Ramos-Horta, ancien président du Timor Leste et prix Nobel de la paix, Timor, Leste Susanna Camusso, secrétaire générale, Confédération générale italienne du travail (CGIL), Italie, Wadih Al-Asmar, président d'EuroMed Droits, Liban, Nourredine Benissad, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), Algérie, Me Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue française des droits de l'Homme, France.