Le prochain stade de la technologie sera peut-être de moins bien fonctionner. Le bug : cauchemar du designer, qui travaille à rendre l’interface toujours plus fluide, et ruine pour l’entreprise, qui capitalise sur la fidélité de son utilisateur. Mais le bug peut aussi être un outil pour réparer la technologie. Depuis quelques années, une poignée de chercheurs en informatique et de militants du numérique travaillent à créer des petits problèmes pour en résoudre un plus grand : notre rapport de dépendance à la technologie. Leur arme principale : la friction, à savoir tout ce qui rend l’utilisation d’une interface plus complexe à utiliser. Au quotidien, c’est par exemple un message qui vous demande si vous êtes sûr de vouloir effectuer un paiement avant de valider une transaction bancaire, ou certains systèmes de messagerie qui vérifient avant l’envoi d’un message que vous êtes conscient que «Répondre à tous» le diffusera à plusieurs centaines de destinataires.
«La friction est un petit élément inséré dans le processus d'interaction qui vous interrompt et vous offre l'opportunité de réfléchir à ce que vous étiez en train de faire», explique Anna Cox, professeure d'interaction homme-machine à l'University College de Londres (UCL). Dans un article écrit avec des chercheurs en psychologie cognitive, elle emprunte au psychologue et Prix Nobel Daniel Kahneman l'identification de deux manières de penser, schématiquement appelées «Système 1» et «Système 2». Dans le Système 1,