Historienne à l'université de Caroline du Nord, Lisa Levenstein travaille sur l'histoire des femmes et l'histoire des inégalités. Son premier livre, A Movement Without Marches : African American Women and the Politics of Poverty in Postwar Philadelphia (2009), a retracé ce qu'elle appelle un «mouvement social sans manifestations» de femmes ordinaires, pauvres et afro-américaines, à Philadelphie, après la Seconde Guerre mondiale. Avec son dernier essai, They Didn't See Us Coming (2020, Basic Books), elle analyse les origines du féminisme contemporain aux Etats-Unis. Si des figures médiatiques ont émergé dans la lignée du mouvement #MeToo, les militantes sont souvent issues de la classe moyenne blanche et dotées d'un important capital culturel. Mais Lisa Levenstein nous en rappelle aussi les origines plus invisibles et populaires dans l'Amérique des années 90. Elle retrace les combats de femmes, confrontées aux inégalités économiques et aux vulnérabilités sociales et médicales. C'est dans les luttes ordinaires que se forge un mouvement disparate de renaissance du féminisme. Loin de voir dans les divisions du mouvement une faiblesse, Lisa Levenstein décèle à l'inverse une force inestimable dans ce qu'elle appelle un «désaccord bienveillant», moteur indispensable du renouveau féministe.
Attaques contre les étudiants étrangers, défense d’une vision «trumpienne» de l’histoire… l’université a été particulièrement attaquée par ce président. Comment avez-vous vécu les années Trump en tant qu’universitaire ?
Malheureusement, comme beaucoup de collègues engagés, je quitte rarement mon domicile depuis le début de l’épidémie. Mais je suis très active en ligne. Avec bea